Essai de la PS5: grosse console, grosses ambitions

6 novembre 2020 à 08:00

Après avoir dominé la huitième génération de consoles avec sa PS4, Sony tente de reproduire le coup avec sa nouvelle PS5, attendue au Canada le 12 novembre. Celle-ci offre plusieurs améliorations intéressantes par rapport à la PS4 et, comme toujours, un portfolio de marques exclusives adorées par les joueurs. Mise à l’essai.

Design : une trop grosse console

Il est impossible de parler de la PS5 sans mentionner tout d’abord sa taille, qu’on pourrait qualifier de démesurée. Beaucoup a été écrit sur le sujet, mais la PS5 est très grosse. Selon votre meuble de télé, vous devrez peut-être la poser au sol.

Côté design, l’appareil a une allure unique, qui rappelle notamment certains édifices de l’architecte Zaha Hadid. C’est un design qui se remarque, et que vous ne pourrez probablement pas fondre dans le décor de votre pièce (en tout cas, pas avec l’allure mid-century de la mienne). Certains vont aimer, d’autres moins. Personnellement, ça ne me dérange pas, et j’aime bien les bandes lumineuses sur l’appareil qui nous indiquent l’état de la console.

L’appareil est placé par défaut à la verticale, mais vous pouvez aussi le mettre à l’horizontale, avec un pied amovible. Ce dernier ne tient pas assez en place à mon goût (il se détache dès que je dois brancher quelque chose dans un port USB), mais si vous ne passez pas votre temps à bouger la console, vous allez l’oublier rapidement.

Caractéristiques : un saut en avant depuis la PS4

Le lancer des rayons améliore considérablement l’allure des jeux compatibles.

La PS5 offre plusieurs nouveautés technologiques intéressantes par rapport à la PS4. Voici les principales :

Plus de puissance : la PS5 offre plus de puissance que la PS4, grâce notamment à un meilleur processeur et une meilleure carte graphique. Vous verrez l’impact sur la qualité des graphiques avec une résolution 4K, avec une meilleure gestion de la lumière grâce au lancer des rayons (ray tracing) et à un meilleur taux de rafraichissement (nous y reviendrons).

Vous ne disposerez toutefois pas d’une puissance illimitée. Dans le jeu Spider-Man : Miles Morales (dont vous pouvez lire ma critique ici), par exemple, vous devrez choisir entre le mode Performances (rafraichissement à 60 images par seconde, mais une image inférieure à 4K, et sans certains ajouts comme le lancer des rayons) et le mode Fidélité (30 images par seconde, avec toutes les améliorations graphiques).

Bref, pour une expérience sans compromis, capable d’offrir autant une fluidité exceptionnelle qu’une image la plus belle possible, il faudra vraisemblablement attendre la prochaine génération. Quoi qu’il en soit, la différence visuelle est déjà considérable, surtout si vous utilisez une PS4 originale pour l’instant. Si vous avez une PS4 Pro, vous verrez la différence, mais elle ne vous sautera pas aux yeux dès le premier coup d’œil.

Stockage accéléré : la PS5 est dotée d’un lecteur SSD rapide. Avec le processeur amélioré, l’appareil est désormais capable de lancer les logiciels beaucoup plus rapidement qu’auparavant. À l’intérieur des jeux, les déplacements rapides sont quant à eux pratiquement instantanés. Vous devriez pouvoir profiter de ces améliorations autant avec les jeux optimisés pour la PS5 qu’avec les jeux PS4 rétrocompatibles. C’est une amélioration considérable, qui améliore l’expérience de jeu. Personnellement, je vais avoir de la difficulté à retourner en arrière.

Audio 3D : Alors que Microsoft offre les technologies DTS:X et Dolby Atmos avec ses Xbox, Sony a plutôt choisi de développer sa propre technologie, Tempest 3D. Comme avec les autres technologies ambiophoniques modernes, Tempest 3D permet aux développeurs de placer les sons dans un environnement en 3D tout autour de l’utilisateur.

Si votre personnage est à l’extérieur sous la pluie, vous pourriez donc entendre les goutes tomber sur le pavé tout autour de vous. Dans un combat, vous pourrez entendre un ennemi arriver par en arrière, par exemple.

Sony vend un casque d’écoute sans fil (PULSE 3D) pour profiter de Tempest 3D, mais vous pouvez aussi en profiter avec n’importe quel écouteur, branché à même la manette de la PS5. Dans mes tests, j’ai trouvé qu’un casque régulier est aussi efficace qu’un PULSE 3D, à condition qu’il soit d’une bonne qualité. En fait, j’ai même eu l’impression que mes Bose QC35 offraient un meilleur effet 3D que le PULSE 3D. Avec des écouteurs boutons d’entrée de gamme, l’effet était toutefois complètement perdu.

J’espère que les développeurs vont tirer profit au maximum de cette nouvelle technologie, parce que lorsqu’elle est bien implémentée, elle rend l’expérience de jeu beaucoup plus immersive. La bonne nouvelle, c’est que la plupart des jeux tiers qui seront lancés d’ici les fêtes sont compatibles avec Tempest 3D, ce qui est de bon augure.

Jouer à 120 images par seconde : aurez-vous besoin d’une nouvelle télé?

La PS5 est capable d’offrir des jeux 4K à 120 images par seconde. Si vous possédez une télé compatible (généralement un appareil haut de gamme de l’année, comme la Samsung The Frame que j’ai utilisée pour cet essai, dans la photo ci-haut), vous devriez pouvoir profiter d’un jeu plus fluide, plus réactif et d’une image plus nette. L’avantage devrait être particulièrement intéressant dans les jeux de tir en ligne pour les joueurs plus compétitifs.

Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion d’essayer un jeu à 120 images par seconde avec la PS5 pour l’instant.

Comme je l’expliquais hier dans mon test de la Xbox Series X, je ne crois pas que la technologie soit assez répandue actuellement pour justifier l’achat d’une nouvelle télé spécifiquement pour ça. Si vous devez changer de téléviseur de toute façon, trouver un modèle avec un rafraichissement de 120 Hz et un port HDMI 2.1 sera probablement une bonne idée pour assurer sa compatibilité future, mais sinon, vous pouvez patienter encore un peu.

Manette DualSense : un coup de cœur

L’autre grande nouveauté de la PS5 est sa manette DualSense, qui offre plusieurs améliorations technologiques par rapport à la dernière génération, en plus d’une ergonomie améliorée.

Le meilleur ajout est un mécanisme de rétroactions haptiques d’une grande précision. Comme on le voit dans le jeu Astro’s Playroom (offert gratuitement avec la console), le mécanisme est capable de reproduire par exemple l’effet d’un personnage qui marche dans la boue en secouant la manette d’une façon spécifique. Une explosion, un tir de fusil, une poignée de main et un métro qui se déplace n’auront pas le même effet entre nos mains.

Ici aussi, quand la technologie est bien implémentée, elle améliore l’immersion des jeux. Ma crainte est toutefois que ce ne sera pas une priorité pour les développeurs, et que la manette n’atteindra donc pas son plein potentiel. D’ailleurs, les effets avancés étaient beaucoup plus présents au début du jeu Spider-Man : Miles Morales qu’à la fin, ce qui n’est pas vraiment de bon augure.

Parmi les autres nouveautés de la manette, notons que son autonomie a été améliorée. Vous devriez avoir environ 7 heures sur une charge (mais je présume que l’intensité de l’effet haptique aura un impact sur l’autonomie).

La manette offre aussi des gâchettes adaptatives, dont la résistance peut être modifiée dans les jeux. La résistance augmentera par exemple à mesure que l’on tire sur la corde d’un arc. Ici aussi, tout est une question d’immersion. Et ici aussi, Sony a effectué un excellent travail, mais c’est maintenant au tour des développeurs de prendre la balle au bond.

Dernière nouveauté intéressante : la DualSense est dotée d’un microphone intégré, et d’un bouton qui permet de l’activer ou de le désactiver automatiquement (avec une barre DEL qui s’illumine orange lorsque le microphone est fermé). C’est ajout simple, mais apprécié, qui pourrait permettre d’augmenter la participation des joueurs dans les jeux en ligne.

Périphériques : plusieurs bons ajouts abordables

Sony lance plusieurs périphériques avec sa nouvelle console. Deux ont particulièrement retenu mon attention.

Tout d’abord le casque sans fil PULSE 3D : celui-ci est confortable, il offre une technologie de réduction active du bruit correcte, il est doté de plusieurs boutons pour contrôler les discussions dans les groupes et d’une bonne autonomie de 12 heures. Il est aussi compatible avec le son 3D de la PlayStation 5, mais comme je le disais plutôt, n’importe quel casque filaire branché dans la manette permet aussi d’en profiter.

Pour 130$, le casque offre un rapport qualité-prix exceptionnel. Malheureusement, pour s’en servir, il faut brancher un adaptateur USB dans la PS5 (ou dans un Mac ou un PC). Personnellement, j’aurais aimé avoir en plus une connexion Bluetooth pour pouvoir utiliser le casque avec d’autres appareils au besoin (mieux vaut toutefois éviter le Bluetooth avec les consoles de jeux à cause de la latence). L’adaptateur utilise un port de votre PS5. Si vous avez en plus une caméra HD, vos deux ports à l’arrière seront donc pleins.

L’autre périphérique que j’ai bien aimé est la Caméra HD. Celle-ci vous permet de continuer d’utiliser votre Playstation VR et, surtout, de vous diffuser sur Twitch ou autre pendant vos parties PS5. La PlayStation permet de supprimer votre arrière-plan ou encore de le remplacer avec un écran vert, et le tout peut être contrôlé rapidement à l’aide d’un bouton sur la manette.

Ce n’est pas très surprenant, mais malheureusement, vous ne pourrez l’utiliser qu’avec la PlayStation. Personnellement, je n’aime pas trop les gadgets limités à un seul appareil, j’aurais donc préféré qu’on puisse la brancher dans un PC également, par exemple. Quand même, à 80$ seulement, la caméra HD est un atout pour la PS5, qui manque à la Xbox Series.

Rétrocompatibilité et optimisations : manque de clarté

Tout comme la Xbox Series X, la PS5 est rétrocompatible avec la grande majorité des jeux PS4. Il y a quelques exceptions, mais celles-ci sont mineures.

Malheureusement, il n’est pas toujours facile de savoir quels jeux ont été optimisés pour la PS5, ni quel jeu nécessite un achat pour profiter de la mise à jour. Les jeux PS4 et PS5 cohabitent aussi parfois sur notre console, ce qui peut devenir embêtant.

Ce n’est pas la fin du monde, et je crois que le problème sera de moins en moins important avec le temps (à mesure que vous ne jouez plus qu’à des jeux PS5), mais Sony aurait pu faire un meilleur travail ici.

Exclusivités : en confiance

Il n’y a pas beaucoup d’exclusivités au lancement de la PS5, mais celles-ci sont quand même réussies. J’ai adoré le mignon Bugsnax, qui a de petits airs de Pokémon et auquel je m’imagine très bien jouer avec ma fille dans quelques années. Spider-Man: Miles Morales est aussi une bonne suite à ce succès de 2018. Une suite un peu courte, mais qui offre plus de variété dans les combats qu’auparavant et qui met bien en valeur la PS5.

Entre vous et moi, les titres de lancement, on s’en fout toutefois un peu. Ceux que ça touche ont déjà acheté leur console. Pour les autres, ce sont plus les exclusivités à plus long terme qui importent.

On connait encore peu les exclusivités à venir de Sony, et celles que l’on connait, comme Horizon Forbidden West, seront proposées autant pour la PS4 que la PS5. C’est une bonne chose. Il aurait été frustrant de laisser tomber les propriétaires de PS4 aussi rapidement (surtout ceux qui ont acheté leur console vers la fin de la génération).

Sony a toutefois un impressionnant portfolio de marques à son actif. Plusieurs des meilleurs jeux de l’ancienne génération (God of War, Last of Us 2, Horizon: Zero Dawn) étaient d’ailleurs des exclusivités Sony. Aucun titre exclusif à la Xbox One n’a marqué les joueurs de la sorte.

Bref, il y a beaucoup d’inconnus à propos des exclusivités PS5 à venir, mais l’histoire récente me met en confiance. J’en parle ici, parce que les jeux exclusifs demeurent l’une des raisons importantes qui motivent les joueurs dans le choix d’une console.

En conclusion : Sony va conserver ses fans

Même si Sony a quelques atouts en moins que Microsoft cette génération (la Xbox Series X est après tout plus puissante, et la Xbox Series S est considérablement moins chère), l’entreprise marque suffisamment de points pour s’assurer de la fidélité de sa clientèle existante. La PS5 est une excellente console, qui offre plusieurs technologies prometteuses, qui seront appréciées des joueurs. Espérons maintenant que les studios pousseront l’appareil à ses limites et qu’ils profiteront pleinement des technologies développées par Sony pour cette génération.

 

La PS5 sera lancée le 12 novembre à 629$ pour le modèle avec un lecteur de disques Blu-ray, et 499$ pour le modèle numérique.