Premières impressions de Flight Simulator 2020: un tour de force

30 juillet 2020 à 03:01

Voilà maintenant quelques semaines que j’apprends à piloter des avions tout en explorant le monde avec Flight Simulator 2020. Je vais attendre la sortie officielle du jeu le 18 août pour en faire une critique en bonne et due forme, mais voici en attendant mes premières impressions de ce simulateur de vol attendu.

Un tour de force technologique

Il est facile de tomber dans les superlatifs avec Flight Simulator 2020 de Microsoft, qui arrive près de 40 ans après la sortie du premier opus de la série en 1982.

Que ce soit à cause des cockpits photoréalistes (où il est possible d’interagir avec presque tous les boutons), des cartes satellites qui permettent de voler à vue à grandeur de la planète, des villes d’un réalisme époustouflant grâce à la photogrammétrie et de la qualité graphique du monde reproduit (la météo, le reflet de la lumière sur l’eau, les arbres et les immeubles générés à l’aide d’intelligence artificielle), Flight Simulator 2020 en jette plein la vue.

Le studio français Asobo a littéralement recrée un jumeau numérique de la terre, et on a le loisir de s’y promener comme bon nous semble.

Et puisqu’il s’agit d’un simulateur, la vingtaine d’avions offerts avec le jeu (d’un Cessna 152 à un Boeing 747-8) interagissent tous avec réalisme à cet univers numérique. Le vent ne perturbe pas un A320neo de la même façon qu’un VL-3 de JMB Aircraft, par exemple, et la lumière extérieure n’affecte pas la visibilité de la même façon dans ces deux appareils.

Tout semble avoir été pensé dans Flight Simulator 2020, comme le bruit à l’intérieur des avions (et comment celui-ci change selon les mouvements de l’appareil), la façon dont l’eau remonte sur la fenêtre lorsqu’il pleut, les milliers (ou probablement millions) de permutations possibles pour reproduire la météo et beaucoup plus.

Technologiquement, il s’agit d’un véritable tour de force.

Notons qu’il n’est toutefois pas nécessaire d’avoir un ordinateur de jeu de dernière génération pour en profiter. Même avec ma carte graphique moyenne (GeForce 1770 Ti), le jeu est par exemple fluide à une résolution 1440p et avec la qualité ultra (il faudrait une meilleure carte pour une résolution 4K, cela dit). Notons qu’une bonne connexion Internet est souhaitable, mais que plusieurs mécanismes ont été mis en place pour permettre aux joueurs avec une plus lente connexion Internet d’en profiter, incluant un mode complètement hors ligne.

Un simulateur pour les joueurs avertis

Comme c’était le cas avec les autres Flight Simulator auparavant, Flight Simulator 2020 est un véritable simulateur, qui privilégie le réalisme aux dépens de la jouabilité. En fait, on ne peut même pas qualifier le logiciel de jeu.

Traditionnellement, la franchise attire des mordus d’aviation, qui vont passer des milliers d’heures à s’entraîner à voler avec des appareils dans toutes les conditions possibles.

Pas mal toutes les décisions ont été prises avec ce public en tête. Flight Simulator 2020 offre bien quelques petits tutoriels pour nous initier, mais si peu. J’aurais personnellement aimé qu’il y en ait un peu plus. J’ai apprécié le fait qu’on m’enseigne les rudiments d’un Cessna 152, mais j’aimerais aussi qu’on me montre à bien piloter un gros Boeing. Les listes interactives nous permettent d’apprendre le rôle de certains des boutons devant nous, mais pas d’une façon aussi ludique que j’aimerais.

Je comprends la décision d’Asobo, qui avait déjà beaucoup de pain sur la planche. Mais considérant que Flight Simulator 2020 sera offert gratuitement avec la passe par abonnement Xbox Game Pass (en plus d’être vendu de la façon habituelle), on peut présumer que des millions de personnes essaieront le simulateur. Des personnes qui n’ont probablement pas la patience des pilotes amateurs habituellement visés par ces logiciels, et encore moins leur expérience.

Bref, des façons de rendre le simulateur plus digeste pour ces nouveaux joueurs (un mode carrière et des tutoriels avancés pour tous les avions ou les conditions de vol, par exemple) auraient probablement permis d’en accrocher plusieurs.

Le studio Asobo a fait le bon choix en privilégiant les joueurs avancés plutôt que les néophytes, mais dans un monde idéal, il pourrait y avoir de la place pour les deux.

Une qualité inconstante

Le monde de Flight Simulator 2020 est généré en utilisant les images satellites de Bing Maps. Chaque parcelle de terre sur la terre a été numérisée et est reproduite dans le logiciel. Des algorithmes d’intelligence artificielle animent l’eau dans les mers et les lacs et ils affichent des milliards d’arbres qui sont à peu près représentatifs de la flore où on se retrouve.

Quand une ville est cartographiée en haute qualité sur Bings (c’est le cas de la plupart des grandes villes occidentales, notamment), le réalisme est déconcertant. En volant à basse altitude dans le centre-ville de Montréal, on reconnait tous les immeubles sans l’ombre d’un doute (incluant les logos des entreprises qui y sont installés), et on peut même voir ce qu’il y avait sur les affiches publicitaires au sol lorsque la ville a été numérisée. À Québec, même les détails de la terrasse Dufferin ressortent bien devant le Château Frontenac.

À d’autres endroits, des immeubles sont générés automatiquement par une intelligence artificielle. Quand ça fonctionne bien, l’architecture est représentative de la ville (comme à Paris), ce qui donne une bonne dose de réalisme. Mais quand l’architecture n’a pas été modélisée par Asobo, c’est moins efficace. Parfois, les modèles d’intelligence artificielle du studio ratent aussi complètement leur coup. À Montréal, aucun des immeubles de certains quartiers au nord du centre-ville (comme Villeray) n’a été identifié par le logiciel, par exemple. Résultat : on ne vole pas au-dessus de triplex en brique comme on le devrait, mais plutôt au-dessus d’une immense forêt.

La forêt de Villeray.

L’équipe de développement a aussi modélisé en 3D des bâtiments célèbres et des merveilles naturelles, ce qui nous permet par exemple de voler autour d’une tour Eiffel criante de réalisme. Évidemment, l’équipe n’a pas eu l’occasion de modéliser tous les endroits connus. Le Rocher Percé est ainsi toujours absent de la carte, malheureusement.

C’est le genre de chose à prévoir avec un logiciel aussi ambitieux. Espérons maintenant que les améliorations qui seront apportées au simulateur au cours des prochaines années permettront de réduire la fréquence de ces endroits qui ressortent mal.

Des accessoires essentiels (pour les mordus)

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Flight Simulator 2020 sera compatible avec une foule d’accessoires, et j’ai eu l’occasion d’en essayer quelques-uns, soit le système de vol (manche et quadrant) Logitech G, le système (manche et interrupteurs) Alpha Flight Controls d’Honeycomb Aeronoticals et le pédalier Thrustmaster TPR.

Je garderai ma critique plus en détail de ces appareils pour une autre fois, mais une chose est certaine : je vois mal comment les amateurs pourraient s’en passer, surtout ceux qui comptent apprendre à piloter ou accumuler des heures de vol virtuelles avec le logiciel.

Il n’est pas nécessaire de dépenser des milliers de dollars pour ces accessoires (quoi que ceux qui souhaitent augmenter le réalisme de l’expérience peuvent le faire), mais au minimum, un manche et un pédalier rendront le logiciel beaucoup plus immersif, même ceux qui sont plus légers et qui n’offrent pas la résistance des meilleurs modèles (j’ai préféré piloter avec l’Alpha Flight Controls, par exemple, mais j’étais tout aussi captivé par le simulateur avec le système Logitech G, plus abordable).

Est-ce nécessaire? Pas si vous êtes un joueur occasionnel qui comptez seulement essayer le logiciel lorsqu’il sera offert sur la Xbox Game Pass. Mais si vous prenez la chose un peu plus au sérieux, vous ne le regretterez pas.

Un jeu qui va se bonifier avec le temps

Il faut aussi dire que Flight Simulator 2020 est un logiciel à long terme, que Asobo Studio prévoit faire évoluer pendant une dizaine d’années.

Certaines de ces améliorations seront presque automatiques. À mesure que Microsoft mettra à jour ses cartes Bing, le réalisme du monde numérique de Flight Simulator 2020 augmentera en conséquence.

Microsoft compte aussi publier périodiquement du nouveau contenu. La plupart des ajouts seront gratuits, mais il y aura aussi du contenu payant. Une future mise à jour qui rendra le logiciel compatible avec la réalité virtuelle (la fonctionnalité à laquelle j’ai le plus hâte) devrait par exemple être gratuite, alors qu’une éventuelle mise à jour qui ajouterait des simulations d’hélicoptères pourrait quant à elle être payante.

Comme avec les précédentes générations de Flight Simulator, Microsoft a aussi ouvert la porte aux développeurs tiers, dont plusieurs ont déjà confirmé leur intention de collaborer. Ces derniers pourront ainsi vendre de nouveaux avions à piloter, et de nouveaux aéroports modélisés avec précision (notons qu’une vingtaine d’aéroports ont aussi été modélisés par Microsoft, mais qu’il est possible d’atterrir sur tous les aéroports de la planète, qui sont générés automatiquement). Détail intéressant, tous ces contenus pourront être achetés chez les développeurs tiers directement, mais ils seront aussi proposés dans une boutique intégrée au logiciel, ce qui devrait les rendre plus faciles à découvrir.

Les fonctions multijoueurs, que je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer, devraient aussi s’améliorer avec le temps, afin de permettre par exemple de piloter un avion avec un véritable copilote.

Bref, Flight Simulator 2020 sera lancé le 18 août sur Steam et Windows Store (et à une date ultérieure sur Xbox), mais ce ne sera là que le début de l’aventure.