Le Québec : champion canadien pour rester à la maison (selon Google)

3 avril 2020 à 12:47

Google a dévoilé vendredi les statistiques de déplacement de ses utilisateurs dans le monde depuis le début de la crise de la COVID-19. Au Canada, ce sont les Québécois qui ont le plus modifié leurs habitudes.

Les visites de commerces, lieux culturels, restaurants, cafés et lieux d’amusements sont en baisse de 59% au Canada depuis le début crise de la COVID-19. Au Québec, on observe plutôt une baisse de 70%. Alors que les visites de parcs sont en baisse de 16% au Canada, cette diminution est plutôt de 68% dans la Belle Province.

Peu importe les types d’endroits évalués (lieux de travail, transport en commun, épiceries et pharmacies), les Québécois se déplacent systématiquement moins que les Canadiens en général, selon des données de localisation amassées par Google à l’aide de l’application Google Maps.

Même en comparant avec chacune des provinces, le Québec respecte mieux la consigne de rester à la maison que les autres. Les seules trois exceptions à cette règle sont les déplacements à la maison des résidents de l’île du Prince Édouard (en hausse de 25%, contre 15% au Québec), et les visites dans les lieux de travail en Colombie-Britannique et en Ontario (une baisse de 47% et 46% respectivement, contre 45% au Québec).

Sans grandes surprises, le Québec se compare aussi avantageusement avec les États-Unis. Les Québécois respectent toutefois beaucoup moins les consignes que les Français, et ce, pour chaque catégorie analysée.

Des outils de plus dans la lutte

L’application Transit offre aussi ses données pour aider les autorités à gérer la crise de la COVID-19.

À moins de lui en retirer la permission, Google conserve en banque les déplacements de tous leurs utilisateurs qui possèdent l’application Google Maps sur leur iPhone ou leur téléphone Android. En temps normal, ces données sont notamment utilisées pour indiquer l’achalandage dans les commerces.

Ces informations ont été compilées au cours des derniers jours par Google pour 131 pays différents, et d’autres pays et régions seront ajoutés au cours des prochaines semaines. L’entreprise ainsi espère pouvoir offrir aux autorités un nouvel outil dans leur lutte contre la COVID-19.

« Nous espérons que ces données vont permettre de prendre des décisions mieux éclairées pour faire face à la pandémie de COVID-19 », explique Google dans un billet de blogue publié vendredi par la vice-présidente sénior de l’entreprise Jen Fitzpatrick et la responsable de la santé pour Google Health Dre Karen DeSalvo.

L’entreprise compte mettre ses rapports à jour périodiquement, ce qui pourrait notamment permettre de mesurer avec plus de précision l’impact de nouvelles mesures de confinement, par exemple.

Google n’est pas la seule entreprise techno à partager des données du genre pendant la crise de la COVID-19.

Le logiciel montréalais Transit App offre par exemple des statistiques d’utilisation complètes pour toutes les villes où son service de navigation en transport en commun est offert. On y apprend ainsi que l’utilisation du transport en commun à Montréal vendredi matin était 85% inférieure à l’utilisation habituelle.

On peut aussi mesurer la baisse selon les heures de la journée et comparer la baisse entre les villes (la diminution est ainsi plus grande à Montréal qu’à New York et Toronto, mais plus petite qu’à Québec).

Données agrégées, ou individuelles?

Les entreprises comme Google et Transit qui partagent ces données le font d’une façon agrégée et anonymisée. Elles permettent d’avoir une idée des mouvements de foule en général, mais pas de suivre les déplacements d’un utilisateur en particulier.

Cette dernière option est au cœur d’un débat mondial en ce moment. Le suivi des patients atteint de COVID-19 est effectué avec succès dans plus d’une dizaine de pays dans le monde. La mesure permet par exemple de d’assurer qu’un malade reste bel et bien à la maison, et de retracer les gens avec qui il aurait pu être en contact si ce n’est pas le cas.

Celle-ci vient toutefois avec ses risques. Le suivi de la COVID-19 à court terme pourrait avoir des dangers à long terme pour les libertés civiles des citoyens, préviennent les experts.

Au Canada, de telles mesures n’ont pas été annoncées jusqu’à présent, mais une enquête du Journal de Montréal indiquait vendredi que la Sureté du Québec se préparerait à le faire pour s’assurer du respect des consignes par les citoyens qui refuseraient de se placer en isolement.

Que ce soit avec des applications généralistes qui regroupent les informations, avec le suivi de citoyens précis ou avec les entreprises marketing qui compilent les informations de localisation obtenues par les applications mobiles gratuites, la crise de la COVID-19 rappelle à quel point les citoyens sont désormais suivis à la trace.

Car, oui, crise de la COVID-19 est assez grande pour justifier des exceptions par rapport au suivi de la population. Mais il faut se rappeler que dans chacun des cas énumérés, les données utilisées existaient longtemps avant la crise.