YouTube Red et l’abus de position dominante (ou presque)

21 octobre 2015 à 15:17

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Il sera bientôt possible de payer 10$ US par mois pour pouvoir profiter de YouTube sans aucune annonce publicitaire. Un montant qui semble à première vue disproportionné, tant par rapport à la capacité de payer de l’amateur YouTube moyen que par rapport à la valeur des dites publicités, mais qui est largement compensé par l’ajout de plusieurs autres privilèges, tout particulièrement un abonnement gratuit à Google Play Music. Un coup qui pourrait s’avérer difficile à encaisser pour les autres services de musique par abonnement en ligne, comme Deezer, Rdio et Spotify.

Pour 10$ US par mois – le prix canadien n’a toujours pas été annoncé -, les abonnés de YouTube Red auront aussi droit à quelques autres nouveautés conçues pour transformer YouTube en un véritable service d’écoute de musique, comme la possibilité d’écouter des vidéos sur une application mobile même lorsque celle-ci n’est pas en avant-plan, et aussi de télécharger des vidéos de musique pour les écouter hors ligne.

YouTube Red offrira aussi un accès gratuit à du nouveau contenu payant original, notamment une émission de la vedette YouTube PewDiePie, ainsi qu’un accès sans publicité aux sections YouTube Gaming et YouTube Kids.

Si on analyse l’offre du point de vue des amateurs de YouTube, l’arrivée de YouTube Red semble être une bonne chose, du moins avec à l’ajout de Google Play Music, un service par abonnement qui permet d’accéder à autant de musique qu’on le souhaite.

Deezer, Rdio, Spotify et les autres jeunes entreprises qui sont en concurrence avec Google Play Music devraient toutefois voir la chose d’un angle bien différent.

Difficile d’innover dans ces conditions
Pour Deezer, Rdio et Spotify, Google Play Music vient en effet de lancer un nouveau forfait au même prix que le leur, qui offre en plus d’autres cadeaux qui ne sont aucunement reliés, comme YouTube sans publicités et YouTube Originals.

De par sa position de force dans plusieurs marchés différents, c’est le genre de chose que Google et les autres entreprises du genre peuvent faire : développer un service similaire à ce que proposent de nouvelles entreprises, et gagner ensuite des parts de marché en joignant plusieurs services existants entre eux.

Google n’est certainement pas la seule entreprise coupable d’une tactique du genre.

Microsoft a au cours des dernières années développé OneDrive, puis a ajouté son service de stockage en ligne à la suite Office 365. Pour le même prix qu’un abonnement à DropBox, il est donc maintenant possible d’avoir accès à 1 To d’espace en ligne sur les serveurs de Microsoft (comme avec DropBox), mais aussi à toute la suite Office.

Bref, le « cadeau » (Google Play Music, OneDrive) ajouté au service principal de la grande compagnie (YouTube Red, Office 365) correspond à toute l’offre, ou presque, de la plus petite (Spotify, Dropbox).

Comment est-ce qu’une entreprise en démarrage, même avec tout le financement du monde, peut concurrencer avec des services qui s’accumulent de la sorte?

Ce n’est pas impossible, mais c’est sérieusement difficile, surtout lorsque leurs abonnés sont bien informés des offres de leurs concurrents.

Voilà qui est dangereux pour l’innovation à long terme.