Pourquoi Facebook a payé autant pour Instagram? Ne cherchez pas la logique!

13 avril 2012 à 11:29

Voilà maintenant quelques jours que les analystes et observateurs de la scène techno tentent d’expliquer le raisonnement derrière le rachat d’Instagram par Facebook pour 1 milliard $. J’ai un petit conseil pour eux: cessez de perdre votre temps! Comme c’est souvent le cas dans ce genre d’acquisition, aucune explication, et surtout aucune formule magique, ne permettent de justifier ce prix.

C’est du moins ce qui peut être conclu en voyant les échos de la vente publiés ces jours-ci dans les médias et en analysant les données compilées par Andy Baio de Wired sur une vingtaine d’acquisitions techno modernes.

Pour chacune de ces acquisitions (qui vont de Geocities en 1999 pour la mirobolante somme de 3 570 000 000 $ jusqu’à Instagram cette semaine), Baio note le coût de l’acquisition, le nombre d’utilisateurs du service acheté, le nombre d’employés, le coût de l’acquisition par utilisateur, le coût de l’acquisition par employé et le ratio d’utilisateurs par employé.

Analysez les montants comme vous le voulez, aucune courbe sensée ne peut en être tirée.

D’ailleurs, à peu près à chaque acquisition, les observateurs semblent s’offusquer du montant demandé. C’était le cas avec le Huffington Post (315 millions, alors que le quotidien Internet avait 25 millions d’utilisateurs et des revenus de 35 millions $), et c’est aussi arrivé avec OMGPop le mois dernier, qui aurait peut-être pu obtenir plus que les 210 millions $ offerts par Zynga (OMGPop a 35 millions d’abonnés, un nombre peu élevé d’employés – 40 – et des revenus d’environ 90 millions $ par année).

Évidemment, les données compilées par Andy Baio ne sont pas les seuls facteurs à considérer pour un achat.

Il y a aussi les revenus de l’entreprise (ou les pertes, comme dans le cas d’Instagram), la qualité des employés (rappelons ici qu’Instagram n’en a que 13!), la technologie utilisée par la compagnie (pour Instagram, ce sont en très grande majorité des technologies ouvertes et les services dans le nuage d’Amazon) et les motifs stratégiques.

Dans le cas de Facebook, les utilisateurs d’Instagram ne sont probablement pas très importants, puisqu’une très grande majorité d’utilisateurs Instagram possède aussi un compte Facebook, mais il est vrai que l’achat prévient son acquisition par un concurrent comme Google, et qu’elle améliore un peu la position du réseau social sur les téléphones intelligents.

OMGPop aurait peut-être dû jouer un peu mieux ces cartes dans ses négociations avec Zynga…

Une acquisition bouclée en 2 jours seulement
Non seulement il est difficile de justifier logiquement le montant de l’achat d’Instagram par Facebook, la façon dont la transaction a été réalisée laisse aussi croire que le tout s’est fait un peu n’importe comment.

Si on croit cet article paru dans le New York Times, l’acquisition d’Instagram par Facebook aurait été réalisée en deux jours seulement, par Mark Zuckerberg directement.

En fait, Zuckerberg aurait téléphoné au PDG d’Instagram Kevin Systrom vendredi dernier, tous les détails étaient réglés dimanche et l’annonce officielle a été réalisée lundi. Efficace!

Le plus incroyable dans tout ça est qu’Instagram venait tout juste (moins de 24 heures avant l’appel de Zuckerberg!) de compléter une ronde de financement qui l’avait évalué à 500 millions $, et que personne n’avait pourtant crié à la sous-évaluation!

Pourquoi est-ce que Zuckerberg a payé le double quelques jours plus tard? Parce qu’il en avait les moyens, évidemment, mais il y a aussi fort à parier que Kevin Systrom n’était tout simplement pas intéressé à vendre son entreprise à qui que ce soit, mais qu’1 milliard $ a su le convaincre.

Il faut aussi dire que la situation de Facebook est particulière. La compagnie n’est pas encore en bourse, elle a beaucoup d’argent, et son fondateur Mark Zuckerberg détient la majorité des votes (chose quand même assez rare pour une entreprise de cette taille).

S’il veut acheter Instagram parce qu’il juge que ça améliore Facebook, c’est son choix, et il n’a pas à demander la permission à personne. Même s’il faut pour ça débourser 1 milliard $.

Mais n’essayez pas de trouver une logique derrière le montant de la transaction: il n’y en a pas.