Test du Xperia PLAY: la mort annoncée des consoles portatives de jeux vidéo

28 avril 2011 à 09:00

Rogers lance aujourd’hui au Canada le téléphone intelligent Xperia PLAY, un téléphone Android équipé d’un contrôleur intégré avec lequel j’ai eu l’occasion de faire connaissance depuis quelques jours. Si le premier téléphone «certifié PlayStation» est loin d’être parfait, il ne fait aucun doute pour moi qu’il enfonce un très gros clou dans le cercueil des consoles portatives de jeux vidéo.

Test du téléphone

Avant d’être une console portative, le Xperia PLAY de Sony Ericsson est avant tout un téléphone intelligent (et non l’inverse!).

Design et caractéristiques

Celui-ci roule sous une version hautement modifiée d’Android 2.3.2, il est équipé d’un processeur Scorpion de 1 GHz avec graphiques Adreno 205, d’un écran TFT de 4 pouces (un peu terne), d’une caméra vidéo arrière de 5 mégapixels (sans vidéo 720p), d’une caméra VGA frontale, d’une carte microSD de 8 Go et de 512 Mo de mémoire vive.

Ses caractéristiques internes sont donc correctes, équivalentes à celles des bons téléphones de la fin de l’année dernière (et, il faut le reconnaître, à la plupart des appareils Android encore en vente présentement).

Je dois lever mon chapeau à Sony Ericsson sur ce point, car son appareil ne fait aucun compromis sur son côté téléphone intelligent.

Ou presque.

Car si ses caractéristiques sont correctes, son design laisse pour sa part plutôt à désirer. Celui-ci est gros, comme un vieux BlackBerry, et il est plutôt lourd avec son poids de 175 grammes. Si Sony Ericsson ne pouvait probablement pas faire grand-chose pour la taille, on aurait également apprécié un meilleur écran, comme un écran Super-LCD (pourtant produit par Sony!).

Est-ce problématique au point de ne pas acheter le Xperia PLAY? Non. Mais si vous n’êtes pas un joueur de jeux vidéo, vous feriez clairement mieux d’aller voir ailleurs (ne serait-ce que du côté de l’archi-mince Xperia ARC).

Android 2.3.2 et son interface

Le Sony Ericsson Xperia PLAY est le deuxième téléphone seulement au Canada à offrir le système d’exploitation Android Gingerbread. Mais honnêtement, il est difficile de reconnaître Android, tellement Sony Ericsson a apporté de modifications à son interface.

Parmi les nouveautés apportées par Sony Ericsson au système, notons le widget Timescape, qui rassemble toutes ses communications, une réorganisation des applications, de petites animations (lorsqu’on supprime un lien dans la poubelle, par exemple), le gestionnaire LiveWare (pour par exemple démarrer le lecteur multimédia dès qu’on insère ses écouteurs), un serveur média, etc.

Contrairement à la surcouche Motoblur, qui disparaît en grande partie lorsqu’on change le lanceur d’applications et qu’on enlève ses widgets, celle de Sony Ericsson est malheureusement beaucoup plus persistante.

Personnellement, l’interface de Sony Ericsson m’agace un peu, mais j’imagine qu’on s’y habitue.

Tout n’est pas mauvais ceci dit, le lanceur d’applications est par exemple, à mon avis, le plus intéressant que l’on retrouve par défaut sur un téléphone Android. Mais globalement, il me semble que Sony Ericsson a dû investir beaucoup de temps et d’argent dans une interface qui rapporte bien peu pour l’utilisateur.

Performances et autonomie
Le Xperia PLAY obtient un pointage correct de 1692 au benchmark Quadrant. On est loin du pointage du Motorola Atrix et de son double coeur, mais c’est amplement suffisant pour jouer, même à des jeux sophistiqués.

D’ailleurs, l’interface est sensiblement plus fluide que sur le Xperia X10, et même si le Xperia PLAY n’est pas le plus puissant d’entre tous, on ne voit pas du tout la différence dans l’usage de tous les jours.

Petit bémol par contre, l’appareil prend une éternité à démarrer. Près de trois longues minutes, ce qui est plutôt rare chez un téléphone Android pourtant assez puissant.

Au niveau de l’autonomie, celui-ci se situe pas mal dans la moyenne des téléphones, puisqu’il peut vous permettre de passer une journée complète (mais pas plus) sur une charge. N’hésitez pas à désactiver la synchronisation automatique sur certains services, par contre.

En résumé
L’aspect « téléphone » du Sony Ericsson Xperia PLAY est une belle surprise. Celui-ci est loin d’être exceptionnel, mais il devrait quand même être suffisant pour la plupart des joueurs. Son prix (99$ chez Rogers avec une entente de trois ans) est également raisonnable pour un téléphone du genre.

Honnêtement, c’est plus que ce à quoi je m’attendais.

Test de la console portative

Le Xperia PLAY s’en sort étonnamment bien comme téléphone intelligent. Mais que vaut-il comme console portative de jeux vidéo?

Design et caractéristiques

Le Sony Ericsson Xperia PLAY rappelle beaucoup la PSP Go, tant par sa forme que par ses contrôles.

Les contrôles principaux sont solides et ils offrent une bonne rétroaction. Je n’ai pas été convaincu par les capteurs tactiles qui font office de contrôleurs analogiques, mais honnêtement, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de les essayer dans un jeu qui en profitait pleinement non plus.

Les boutons L et R à l’arrière sont également moins bien réussis que les boutons principaux, mais ils sont quand même tout à fait jouables. On espère que le successeur du Xperia PLAY améliorera un peu ce point.

L’autonomie annoncée pour le jeu est d’environ 5h30, mais honnêtement, j’ai plus souvent obtenu à peu près 3h30, soit l’équivalent de l’autonomie de la 3DS. Tout ceci peut évidemment changer en fonction des jeux utilisés et des applications qui tournent en arrière-plan.

Interface

Assez curieusement, Sony Ericsson n’offre pas une interface unie pour sa « console ». En fait, il est assez difficile de s’y retrouver parmi les multiples applications « Playstation » du téléphone.

PlayStation Pocket : rassemble les jeux PSOne originaux et permet d’en télécharger de nouveaux. Fonctionne uniquement en mode horizontal. Sur fond mauve.

Obtenir des jeux : application anglophone qui sépare en deux listes des jeux à télécharger. « Get New Games » à gauche, et « Featured Games » (qui ne sont pas particulièrement intéressants et qui mènent généralement vers le site mobile de Rogers) à droite. Aucune explication sur ces listes. Fonctionne uniquement en mode vertical cette fois-ci. Sur fond bleu.

Xperia PLAY : application bilingue (dans le sens Justin Trudeau du terme), qui rassemble les jeux installés (mais pas tous) dans une liste intitulée « Xperia PLAY Games », et des jeux à télécharger (mélangés avec d’autres jeux que l’on possède, et qui se retrouvent – ou non – dans la première liste) dans une liste intitulée « Jeux Xperia PLAY ». Cette application s’ouvre automatiquement lorsque l’on est dans le système Android et que l’on glisse le contrôleur en position ouverte. Fonctionne uniquement en mode horizontal. Sur fond bleu. Permet aussi de rechercher « Xperia PLAY optimised » dans l’Android Market.

Vous êtes mêlés? Moi aussi.

Avec un peu d’espoir, Sony Ericsson devrait toutefois faire un peu de ménage là-dedans au cours des prochains mois.

Jeux offerts pour Xperia PLAY

Même si la plateforme est toute nouvelle, il y a déjà au moins une cinquantaine de jeux compatibles à télécharger. C’est quand même beaucoup, si on considère par exemple le nombre de jeux offerts par Nintendo lors du lancement de sa 3DS. Évidemment,, vous avez également accès à tous les jeux Android qui se contrôlent avec l’écran tactile.

L’appareil vient avec certains jeux préchargés, notamment FIFA 10, Madden 2011, Star Battalion, Bruce Lee Dragon Warrior et Tetris. D’autres jeux sont disponibles gratuitement, comme The Sims 3 et Asphalt 6.

Même si tous les jeux ne seront clairement pas des hits, plusieurs titres de qualité sont disponibles pour l’Xperia PLAY, et je suis convaincu que pas mal tout le monde pourra éventuellement y trouver son compte, autant ceux qui recherchent des jeux «hardcore» que les joueurs plus occasionnels.

La section PlayStation Pocket (avec les jeux PSOne originaux) est pour le moment un peu plus limitée. Le jeu Crash Brandicook est préinstallé gratuitement sur votre appareil, et 5 autres jeux seulement sont disponibles pour l’instant, soit Cool Boarders 2, MediEvil, Rally Cross, Syphon Filter, Wild Arms. Ceux-ci coûtent 5,71$ dans l’Android Market.

On imagine toutefois que plusieurs autres seront lancés au cours des prochaines semaines et même des prochaines années, considérant le portfolio de jeux PSOne de Sony et considérant que tous ces jeux pourront rouler sans problème sur votre téléphone, même lorsque les prochaines générations plus performantes seront sur le marché.

Xperia PLAY vs Android et iOS

Ce ne sont pas tous les jeux qui bénéficient des contrôleurs du Xperia PLAY. Beaucoup de jeux pour tous du genre Angry Birds se jouent par exemple très bien avec l’écran seulement.

L’inverse n’est toutefois pas vrai. Les jeux de tirs, par exemple, sont généralement assez décevants sur iOS et Android, en grand partie parce que nos doigts prennent beaucoup trop de place sur un déjà petit écran, et parce qu’un contrôleur virtuel n’est pas aussi efficace qu’un contrôleur matériel.

Considérant que le Xperia PLAY offre les deux possibilités (jouer avec un contrôleur, ou jouer avec l’écran seulement), il ne fait aucun doute pour moi qu’il s’agit d’une meilleure plateforme de jeu que les autres téléphones Android.

La chose est un peu moins évidente par rapport à iOS par contre, puisque la plateforme d’Apple offre pour le moment beaucoup plus de jeux qu’Android. Le système de Google a toutefois rattrapé beaucoup de terrain ces derniers temps, et j’ai bien l’impression que cet écart continuera de rétrécir au cours des prochains mois. Mais d’ici là, l’avantage est du côté d’Apple, surtout pour les jeux occasionnels qui se jouent simplement sur l’écran de toute façon.

Xperia PLAY vs les consoles portatives

Le Xperia PLAY et les consoles portatives ont tous leurs forces et leurs faiblesses par rapport aux autres.

Pour un gros joueur qui a besoin d’un téléphone intelligent (et du forfait de données qui l’accompagne) le Xperia PLAY représente selon moi un meilleur investissement que plusieurs consoles portatives, notamment la PSP et la PSP Go. Les jeux et la jouabilité s’équivalent, mais les jeux sont moins dispendieux sur Android, et le meilleur est encore à venir en ce qui a trait à la qualité. Évidemment, ceux qui n’ont pas besoin d’un télépĥone ou qui ne peuvent se permettre de payer un contrat seront encore mieux servis par les consoles.

Pour les gros joueurs, la véritable alternative au Xperia PLAY sera probablement plus la future console Sony NGP, qui devrait sortir à la fin de l’année. Il nous manque toutefois beaucoup trop d’informations sur cette dernière pour pouvoir faire dès maintenant un choix éclairé entre les deux, et certains préfèreront surement attendre la sortie du NGP avant de prendre leur décision.

La Nintendo 3DS se démarque pour sa part par ses jeux Nintendo, ses deux écrans, sa compatibilité 3D, sa plus grande bibliothèque (en incluant les vieux titres) et quelques autres caractéristiques comme la fonction Street Pass.

Le Xperia PLAY est pour sa part plus petit et il permet de ne traîner – et de n’acheter – qu’un seul appareil. Surtout, ses jeux sont franchement moins chers (environ 5-7$, contre une trentaine de dollars pour un jeu Nintendo). Malheureusement, le téléphone de Sony Ericsson est également un peu plus fragile que les consoles portatives généralement conçues pour durer entre les mains d’ados et de jeunes enfants.

Devrais-je acheter le Xperia PLAY?

Ça tombe bien que vous posez la question, j’ai justement conçu ce petit graphique pour vous aider à prendre une décision!

Quel futur pour les consoles portatives?

Les téléphones intelligents ont déjà volé beaucoup de joueurs occasionnels aux consoles portatives ces dernières années. Avec son téléphone certifié PlayStation, Sony Ericsson s’attaque maintenant aussi aux joueurs plus férus.

Le Xperia PLAY ne fera pas tomber aucune console à lui seul. D’ailleurs, même si Sony Ericsson a fait un excellent boulot pour son premier appareil, il y a encore place à l’amélioration, notamment en amincissant un peu le téléphone, en l’équipant d’un meilleur écran et en lui fournissant un processeur double cœur avec un meilleur processeur graphique. Le prix d’achat sans contrat à lui seul marque évidemment encore un problème majeur pour une certaine tranche de la population.

Si la Sony NGP et la Nintendo 3DS ne sont pas en danger pour le moment, j’ai sincèrement beaucoup de difficulté à imaginer comment les consoles pourront survivre à long terme, quand les téléphones seront plus puissants et, surtout, que leur popularité sera telle que les développeurs de jeux n’auront pas d’autre choix que d’y porter leurs gros titres.

Et plus les joueurs potentiels possèderont déjà un téléphone puissant et capable d’accéder à une bonne bibliothèque de jeux, moins les consoles portatives seront attrayantes.

Oui, les consoles pourront se démarquer par exemple avec un écran plus grand. Mais rendu là, ce n’est plus contre les téléphones qu’elles devront compétitionner, mais contre les tablettes. Honnêtement, ce n’est pas vraiment mieux. De nouvelles caractéristiques affectant la jouabilité pourraient également faire durer le genre, mais cela reste à voir.

Le Xperia PLAY ne marque pas le début de la fin pour les consoles portatives. Apple s’est déjà chargé de ça. Mais en s’attaquant directement aux joueurs plus qu’occasionnels, il porte définitivement un autre gros coup à ce concept déjà fragilisé.