Nothing: l’histoire semble se répéter pour le cofondateur de OnePlus
Le cofondateur du fabricant de téléphones intelligents OnePlus Carl Pei en a finalement dévoilé un peu plus aujourd’hui sur son nouveau projet, Nothing. Voici trois réflexions sur cette nouvelle entreprise, qui me fait de plus en plus penser à OnePlus.
Carl Pei mise encore sur la communauté
Voilà maintenant quelques jours que Nothing affiche un décompte sur son site web. Quand celui-ci est arrivé à zéro mardi matin, ce n’est pas son premier produit que l’entreprise a dévoilé, mais plutôt un nouveau mode de financement, où les futurs utilisateurs de la marque auront la chance d’investir dans l’entreprise, en achetant des actions au même prix que les investisseurs de Série A.
Nothing a déjà levé 7 millions $ auprès d’investisseurs privés comme le créateur de l’iPod Tony Fadell, puis 15 millions $ auprès de GV, le bras d’investissement d’Alphabet. L’entreprise compte maintenant obtenir 1,5 million $ US supplémentaire auprès de petits investisseurs avec la ronde de financement participatif en capital annoncée aujourd’hui. Ça ne devrait pas être difficile, puisque 7 heures après l’annonce, 8700 personnes ont déjà fait part de leur intention d’investir 10 millions $ US en tout. La campagne devrait être lancée en mars, et ne durer vraisemblablement que quelques minutes.
Nothing a aussi annoncé qu’un de ces investisseurs aurait une place sur le conseil d’administration de l’entreprise, qui aura ainsi un représentant des utilisateurs au sommet de la pyramide.
Carl Pei aurait facilement pu obtenir le 1,5 million $ ailleurs, mais ce financement lui permet de mousser sa nouvelle marque, tout en créant un lien fort avec ses premiers utilisateurs.
La stratégie me fait penser aux débuts de OnePlus, alors que l’entreprise avait des ambassadeurs dans tous les pays et un forum avec des utilisateurs actifs, qui participaient au développement du micrologiciel de ses téléphones. OnePlus a mis sur pied une communauté forte au fil des ans, et tout indique que Carl Pei tente de reproduire l’expérience avec Nothing.
L’Amérique du Nord ne semble pas être une priorité
Notons que la plateforme choisie pour effectuer le financement participatif en capital, Crowdcube, est ouverte à tous à peu près partout dans le monde, mais qu’elle est réservée aux investisseurs accrédités aux États-Unis et au Canada.
D’autres plateformes existent pourtant pour le financement participatif en capital en Amérique du Nord.
Ici aussi, l’histoire se répète. OnePlus a toujours été offert au Canada et aux États-Unis, mais l’entreprise a attendu de nombreuses années avant d’essayer de véritablement percer le marché américain. À l’époque, Carl Pei croyait que son entreprise pouvait croitre sans avoir à faire de pirouettes pour les opérateurs nord-américains.
On dirait l’entrepreneur juge encore que l’Europe et l’Asie représentent une meilleure option pour démarrer son entreprise avec un petit budget (un raisonnement qui se tient, quand même).
Le produit est secondaire
On ignore encore quels seront les premiers produits de Nothing, mais il semble qu’il faut s’attendre notamment à une montre intelligente, des écouteurs et des appareils pour la maison connectée.
Je ne m’attends à aucune grande innovation de ce côté.
Les amateurs de la marque n’aimeront pas mon commentaire, mais ce qui distingue OnePlus des autres fabricants de téléphones est son flair marketing, beaucoup plus que l’innovation. OnePlus cible bien les besoins du marché, et l’entreprise assemble des appareils avec un bon rapport qualité-prix, mais elle ne réinvente jamais la roue.
Jusqu’à présent, c’est l’impression que me donne Nothing. Le fait que l’entreprise compte lancer ses premiers écouteurs sans fil cet été alors qu’elle vient tout juste d’obtenir son capital est d’ailleurs un signe que la recherche et le développement ne seront pas au cœur de l’ADN de la marque.
Nothing n’est évidemment pas la première compagnie dans ce bateau, mais si le passé est garant du futur, j’ai l’impression que la nouvelle entreprise de Carl Pei risque de faire « rien » mieux que les autres.
Nous en saurons plus au cours des prochains mois.