Essai de la Xbox Series X : bien joué!
La nouvelle génération de consoles arrive, à commencer par la Xbox Series X, attendue le 10 novembre au Canada. Après plusieurs semaines d’essai, force est de constater que Microsoft a dans l’ensemble pris plusieurs bonnes décisions au cours des dernières années pour en arriver ici aujourd’hui, et que l’entreprise a grandement amélioré son offre par rapport à la dernière génération. Mise à l’essai.
Design : simple et efficace
Tout d’abord, il faut rendre à César ce qui appartient à César : le design de la Xbox Series X impressionne. Pas parce qu’elle est jolie (parce que ce n’est pas particulièrement le cas), mais parce que Microsoft a conçu un boitier quand même petit pour la puissance de l’appareil. Celui-ci peut aussi être facilement placé de plusieurs façons différentes dans un meuble, que ce soit à l’horizontale ou à la verticale, et même dans un cabinet si celui-ci est de taille moyenne. Par rapport à la PS5, la différence est énorme.
Le design de la Xbox Series X est simple et pratique. L’appareil se fond complètement dans mon meuble de télé, et c’est exactement ce que je veux. Les ingénieurs (car tout ceci est avant tout possible grâce à des composantes comme la carte-mère double qui facilite la dissipation de chaleur) et designers de Microsoft ont réussi leur coup. J’aurais aimé que le pied sous la console puisse être enlevé lorsqu’elle est à l’horizontale, mais dans un meuble, je ne le remarque pas.
Caractéristiques : plus puissante et plus rapide, mais silencieuse
J’ai déjà beaucoup écrit sur la Xbox Series X, je vais donc me faire bref ici. Je vous invite d’ailleurs à aller lire ma première critique-qui-n’en-était-pas-une de la Xbox Series X pour en savoir plus sur les forces et faiblesses de ses nouvelles caractéristiques, et pour avoir plus de détails techniques.
En gros, le SSD rapide change complètement la donne. Les jeux se lancent beaucoup plus rapidement qu’auparavant, et la fonction de voyage rapide dans les jeux mérite finalement bien son nom. Au lieu d’attendre 90 secondes pour lancer No Man’s Sky, on peut maintenant le faire en 20 secondes. Et les temps de déplacements rapides dans les jeux sont désormais presque instantanés. C’est un avantage majeur qui améliore considérablement l’expérience, notamment dans les jeux en monde ouvert.
Le SSD permet aussi des fonctionnalités comme Quick Resume, qui met des jeux en veille lorsqu’on les quitte, ce qui permet d’y revenir rapidement par la suite, sans devoir sauvegarder. Malheureusement, j’éprouve personellement beaucoup de problèmes avec la fonctionnalité, qui fonctionne souvent mal. Peut-être est-ce dû au fait que j’ai une version prélancement de la console, et non une version finale, cela dit, mais ça ne devrait pas être le cas.
La console offre aussi des avantages visuels. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer de nouveaux jeux conçus spécifiquement pour la console, mais même avec ceux qui sont déjà sur le marché, l’amélioration est importante. La différence est relativement petite par rapport à une Xbox One X, mais vos jeux seront certainement beaucoup plus jolis si vous aviez auparavant une Xbox One originale ou une Xbox One S. Certaines technologies, comme le lancer des rayons (Ray Tracing), devraient aussi améliorer l’allure visuelle des jeux. Malheureusement, peu de jeux en profitaient pendant la période d’essai avant le lancement de la console, il faudra donc attendre un peu pour la voir en action sur la Xbox Series X. Le lancer des rayons est toutefois une technologie bien établie, et j’ai confiance que celle-ci sera mise à essient par les développeurs.
La Xbox Series X permet évidemment aussi de jouer à des jeux en 120 Hz. J’y reviendrai un peu plus loin.
Le plus impressionnant avec la console de Microsoft est que malgré toute sa puissance, celle-ci fonctionne dans un silence total. Peut-être que des jeux optimisés feront un jour fonctionner son ventilateur à plus grand régime, mais pour l’instant, le bruit est toujours plus faible que le bruit ambiant dans mon appartement. Je dois me coller l’oreille sur l’appareil pour l’entendre.
Le visuel, la fluidité, les temps accélérés, le bruit de la console : dans l’ensemble, l’expérience de jeu sur la Xbox Series X est beaucoup plus agréable qu’elle ne l’était auparavant.
Notons que j’ai aussi apprécié la nouvelle application Xbox, qui facilite notamment le partage de captures d’écran et qui permet de diffuser un jeu sur son téléphone avec une qualité quand même impressionnante.
Seule ombre au tableau : Microsoft aurait pu faire un meilleur travail par rapport au son ambiophonique, qui place les sons tout autour du joueur (c’est ce qui permet de savoir qu’un ennemi arrive derrière nous avant de le voir, par exemple). Ces technologies peuvent être utilisées avec des systèmes ambiophoniques ou des barres de son, mais pour l’instant, c’est surtout avec des écouteurs réguliers qu’on en profite.
Microsoft offre sa propre technologie Windows Sonic gratuitement pour le son ambiophonique de la Xbox Series X. Celle-ci est toutefois moyenne, et n’a pas la précision des autres technologies sur le marché, comme Dolby Atmos ou DTS : X.
Heureusement, ces deux dernières peuvent être installées sur la Xbox, moyennant une vingtaine de dollars environ. Quand un jeu est optimisé pour l’une ou l’autre, ça vaut la peine (Atmos m’impressionne particulièrement).
On aime la flexibilité d’offrir un choix du genre, mais il est assez difficile de savoir quels titres sont compatibles, et l’installation de ces technologies est légèrement plus complexe qu’elle devrait l’être, du moins pour le grand public. Ce dernier point – et le prix d’achat – me donne d’ailleurs l’impression que la grande majorité des utilisateurs n’adopteront pas Dolby Atmos ou DTS : X, et que les développeurs ne mettront par conséquent pas les efforts nécessaires pour offrir une expérience sonore parfaite. Microsoft aurait à mon avis dû inclure Dolby Atmos avec la Series X (mais pas sur la Series S pour économiser) et l’activer par défaut, ce qui aurait propulsé le son ambiophonique pour cette génération. C’est à mon avis la seule erreur tactique de l’entreprise cette génération.
Carte de stockage externe : fonctionne bien, mais les ports propriétaires me fâchent
La Xbox Series X est livrée avec 1 To d’espace (mais 800 Go accessibles), ce qui est suffisant pour de 7 à 15 gros jeux environ, et beaucoup plus si vous jouez aussi à des titres indépendants (ou seulement 6 si tous les jeux sont aussi gros que le dernier Call of Duty, à 136 Go). Si vous en voulez plus, et ça risque d’être le cas, vous pouvez brancher un disque dur ou un disque SSD externe sur un des ports USB 3.0 de l’appareil. Vous ne bénéficierez pas des mêmes temps de chargement accélérés que sur le disque SSD interne, cela dit, mais ça pourrait être intéressant pour y stocker vos jeux où cela est moins important, ou ceux auxquels vous ne jouez que rarement.
Pour ceux qui ont l’argent nécessaire, Microsoft propose toutefois la carte d’extension de stockage Seagate pour Xbox Series X et Series S. Cette carte de 299$ offre la même efficacité que le disque SSD interne de la console. En pratique, je n’ai en effet observé aucune différence. Et le transfert d’un jeu sur la carte est d’une rapidité incroyable. Si vous allez chez un ami qui possède aussi une Xbox, y transférer vos jeux pour y jouer chez ce dernier ne prendra que quelques minutes.
C’est un produit cher, mais qui fonctionne à merveille. Malheureusement, il s’insère toutefois dans un port propriétaire. Vous ne pourrez donc pas vous en servir avec votre ordinateur, et qui sait ce que vous pourrez faire avec dans sept ans, lors du lancement de la prochaine génération de consoles.
Personnellement, j’aurais aimé que Microsoft livre la carte d’extension avec un petit adaptateur USB, ce qui aurait assuré une deuxième vie à l’appareil.
120 Hz : un petit plus, mais je vis très bien en 60 Hz.
Comme mentionné dans mon aperçu, la Xbox Series X permet de jouer à des jeux avec un affichage de 120 images par seconde. Ce ne sont toutefois pas tous les jeux qui permettent d’atteindre cette vitesse, et ceux qui le font demandent parfois de faire un compromis, comme une qualité visuelle réduite.
Personnellement, j’aime surtout le fait que les performances de la Xbox Series X sont assez bonnes pour assurer une expérience minimale toujours excellente. Vous ne baisserez jamais sous les 30 images par seconde, comme c’était parfois le cas auparavant. La différence avec un jeu qui était mal optimisé, comme No Man’s Sky, encore une fois, est visible dès les premiers instants.
Dans l’ensemble, je dirais aussi que l’affichage à 60 images par seconde fait une bonne différence par rapport à l’affichage à 30 images par seconde. Les personnages semblent plus fluides et, surtout, les décors autour de nous lorsque l’on bouge sont plus nets. C’est encore une fois une amélioration que l’on remarque du premier coup.
Le passage de 60 ips à 120 ips est pour sa part un peu plus délicat. Je n’ai pas encore essayé beaucoup de jeux compatibles (une poignée seulement, dont The Falconeer, qui illustre cette section), malheureusement, mais dans l’ensemble, ma réaction est plus « ah oui, je suis capable de voir la différence » que « oh wow, je ne reviendrai jamais en arrière ». Peut-être que certains jeux me feront changer d’opinion, cela dit, mais pour l’instant, si je dois choisir entre la qualité graphique et le rafraichissement à 120 Hz, je préfère pour la qualité. Tous ne feront évidemment pas le même choix.
Notons que pour profiter de l’affichage en 120 ips en 4K, vous devez être doté d’une télé avec un écran 120 Hz et un port HDMI 2.1, une technologie qui n’est pas encore très répandue. Les télés haut de gamme de l’année devraient toutefois l’offrir (comme la Samsung The Frame 2020, que j’ai utilisée pour ce test), mais le port HDMI 2.1 sera généralement réservé à un seul port.
Manette : Microsoft garde la même formule
La manette de la Xbox One était supérieure à la manette de la PS4. L’ergonomie entre les deux était tout simplement incomparable. Pour la Xbox Series X, Micorsoft a donc conservé un design similaire. Il y a bien quelques petites modifications (comme un bouton dédié pour prendre des captures d’écran et un nouveau pavé directionnel), mais dans l’ensemble, c’est la même chose.
Technologiquement, il y a aussi quelques améliorations, comme une latence améliorée (Dynamic Latency Input, ou DLI) et l’utilisation du Bluetooth Low Energy, qui devrait améliorer la compatibilité de la manette avec un plus grand nombre d’appareils.
La manette de Microsoft qui était déjà bonne est donc encore meilleure, mais l’amélioration est quand même mineure, comparée à la nouvelle manette de la PS5, qui accumule les nouvelles technologies. Je comparerai les deux stratégies un peu plus à la levée de l’embargo de la PS5, car il y a quelques choses intéressantes à dire de ce côté.
Game Pass change la donne (et Game Pass Ultimate, si vous jouez en ligne)
Ce n’est pas une nouveauté, mais il est impossible de parler de la Xbox Series X sans mentionner Game Pass, probablement la plus grande force de Xbox par rapport à PlayStation. Le service offre un accès à plus de 100 jeux, incluant tous les titres Xbox Game Studios le jour de leur lancement. Le catalogue proposé est aussi varié, avec un bon mélange de jeux pour tous les goûts, autant des titres AAA qu’indépendants récents. La qualité du catalogue m’étonne en fait constamment.
Pour le prix d’un jeu et demi par année (la passe annuelle est vendue 119$), c’est à prendre sans hésiter si vous êtes un gros joueur, et c’est à considérer si vous êtes un joueur occasionnel.
Si vous jouez aussi en ligne (vous aurez besoin pour ce faire d’une passe Xbox Live Gold pour 60$ par année), optez plutôt pour Game Pass Ultimate (16,99$ par mois, ou 50$ par trois mois). Vous payerez alors moins cher qu’en achetant Game Pass et Live Gold séparément, et vous aurez en plus accès à tous les jeux EA Play, aux jeux PC et aux jeux Game Pass dans le nuage (xCloud), à partir d’un téléphone Android.
À 200$ par an, ça commence à coûter cher, mais la quantité et la qualité de contenu offert sur Game Pass Ultimate valent la peine.
Exclusivités : le meilleur est à venir
Les jeux exclusifs ont longtemps été l’élément déterminant dans l’achat d’une console, et c’est encore le cas pour plusieurs joueurs. Malheureusement pour Microsoft, Sony domine ici le terrain depuis plusieurs années.
Sony avait plus de jeux exclusifs sur la PS4 que Microsoft sur la Xbox One, et ils étaient meilleurs. Pendant que Sony remportait les titres de jeux de l’année (God of War, etc.), Xbox s’entêtait avec ses vieilles marques comme Gears et Halo.
La situation pourrait changer cette génération. Microsoft a en effet acheté plusieurs studios au cours des dernières années. Et certains sont particulièrement prometteurs, comme Obsidian, Ninja Theory, Double Fine Productions, Compulsions et, évidemment, ZeniMax. On ignore encore quels jeux seront lancés en exclusivité sur la console, mais Microsoft a sous la main des marques comme Doom, Woflenstein, Dishonored, Fallout et plus. Le potentiel est énorme.
Microsoft à encore du chemin à faire, et je doute que l’entreprise rattrape tout son retard sur Sony le temps d’une génération, mais la domination de la compagnie nipponne par rapport aux exclusivités tire à mon avis à sa fin. L’avenir pour Xbox est certainement plus prometteur en 2020 qu’il y a quelques années seulement.
Évidemment, il n’y a pas que les futures exclusivités qui importent. La plus grande force de cette nouvelle génération est d’ailleurs probablement la rétrocompatibilité avec les jeux de la dernière. En installant la Xbox Series X, vous aurez droit à tous les jeux Xbox One, à l’exception de ceux pour la Kinect.
Non seulement vous pourrez jouer à des centaines de jeux, mais ceux-ci apparaîtront améliorés par rapport à la Xbox One. Certains auront des graphiques plus jolis et tous chargeront plus rapidement. La Xbox Series X est même capable d’afficher automatiquement certains anciens jeux en HDR, grâce à la fonctionnalité Auto HDR. Malheureusment, la plupart des jeux que j’ai essayés n’étaient toutefois pas compatibles avec celle-ci.
Xbox Series S : la carte cachée
Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’essayer la Xbox Series S de Microsoft, mais j’aimerais quand même en glisser un mot ici. La console d’entrée de gamme de Microsoft est à mon avis sa carte cachée pour cette génération.
À 379$, celle-ci ne se vend en effet pas beaucoup plus cher qu’une PS4 usagée en ce moment (environ 275$-300$). Tous les joueurs ne sont pas des dévoués qui veulent payer le gros prix au lancement d’une nouvelle console. Il y en a aussi beaucoup qui ont moins de temps à investir (c’est le cas de la plupart de mes amis, qui semblent jouer à un jeu ou deux seulement par année), ou un budget plus limité.
Pour eux, la Xbox Series S m’apparaît une excellente option. Ils seront limités à une résolution 1440p plutôt que 4K (ce qui est très convenable), mais auront droit à la plupart des autres nouveautés. Pour des parents qui veulent une console pour leurs enfants, mais qui veulent aussi y jouer à l’occasion (et qui ne sont pas intéressés par Nintendo), c’est certainement une option intéressante.
En résumé : Microsoft part en meilleure position qu’il y a 7 ans
Microsoft a perdu la guerre des consoles de huitième génération, mais l’entreprise a mis les bouchées doubles au cours des dernières années afin de se reprendre pour la neuvième. Après plusieurs semaines avec la Xbox Series X, force est de constater que c’est réussi. La console est plus puissante que la PS5 malgré un format plus petit, elle s’intègre dans un écosystème complet (bonne application mobile, services par abonnement, jeux dans le nuage, etc.) et, surtout, il semble enfin y avoir de la lumière au bout du tunnel pour les jeux exclusifs.
J’ai encore quelques questions, cela dit. J’ai hâte de voir plus de jeux optimisés pour la Series X pour me faire une meilleure idée des améliorations techniques de la console, et je suis curieux de voir l’état des jeux exclusifs de Microsoft et comment les développeurs intégreront le son 3D à leurs jeux, par exemple. Mais dans l’ensemble, il s’agit d’une excellente console, qui laisse présager un bel avenir pour la marque.