BlackBerry Q10 avec BlackBerry 10 et un clavier QWERTY: un compromis de trop?
BlackBerry – anciennement Research in Motion – a dévoilé hier son nouveau téléphone intelligent BlackBerry Q10, un appareil équipé du système d’exploitation BlackBerry 10. Si l’appareil devrait plaire aux usagers BlackBerry de longue date, celui-ci représente aussi un risque important pour la compagnie canadienne. Explications.
Le BlackBerry Q10 ressemble à un BlackBerry traditionnel avec son clavier QWERTY, sans sa barre centrale avec les boutons et le petit pavé tactile que l’on retrouvait chez les BlackBerry de dernière génération. Comparé aux appareils BlackBerry OS 7, le BlackBerry Q10 offre aussi un écran plus grand, à 3,1 pouces, et surtout carré, avec sa résolution de 720 pixels par 720 pixels.
Côté caractéristiques internes, celui-ci s’apparente au BlackBerry Z10, qui devrait être lancé la semaine prochaine au Canada. Il offre un port microHDMI, une fente pour une carte microSD, sa pile est accessible, son appareil photo arrière offre une résolution de 8 mégapixels (et 2 mégapixels pour l’appariel frontal), son processeur est un Snapdragon S4 Plus double cœur cadencé à 1,5 GHz et il offre 2 Go de RAM et une capacité de 16 Go.
Côté design, on regrette la surutilisation de plastique, mais j’ai tout de même bien aimé sa prise en main et sa légèreté.
Évidemment, le BlackBerry Q10 est aussi équipé du système d’exploitation BlackBerry 10, un système particulièrement efficace et agréable à utiliser, dont j’ai donné mes premières impressions hier dans mon aperçu du BlackBerry Z10.
Le BlackBerry Q10 devrait être lancé au Canada au printemps, probablement en avril.
Mais il est où le problème?
Je suis content de ne pas avoir été à la place des dirigeants de BlackBerry lorsque la décision de produire ou non le Q10 a été prise, puisque le dilemme a dû être déchirant.
Les défendeurs du BlackBerry Q10 ont par exemple sûrement vendu le fait que BlackBerry se devait absolument de conserver sa base de clients actuels (80 millions de personnes dans le monde utilisent des téléphones BlackBerry). Puisque le clavier QWERTY est une des raisons qui explique la fidélité d’une partie de sa clientèle, force est de reconnaître que la compagnie n’avait pas vraiment d’autres choix que de leur offrir un téléphone du genre.
Les opposants au BlackBerry Q10 – il y en avait sûrement – ont surement pour leur part rappelé que BlackBerry lançait un tout nouveau système d’exploitation avec BlackBerry 10, et que l’entreprise se devait de tout faire en son pouvoir pour donner toutes les chances du monde à sa nouvelle plateforme.
Et toutes les chances du monde, ça inclut offrir le plus possible d’applications tierces sur la boutique BlackBerry World, notamment en facilitant le plus possible la vie des développeurs.
C’est ce que la compagnie a généralement fait, et c’est pour cette raison que BlackBerry peut se vanter aujourd’hui d’offrir plus de 70 000 applications.
Malheureusement, le BlackBerry Q10 vient un peu casser le party.
L’appareil n’offre pas seulement une résolution différente que celle du BlackBerry Z10. Il offre un aspect carré complètement distinct qui, selon toute vraisemblance, ne pourra supporter les applications conçues pour le Z10 à moins que les développeurs n’adaptent leurs logiciels.
Malheureusement, l’une des raisons pour lesquelles BlackBerry World peut offrir 70 000 applications est que le travail requis pour porter une application Android vers BlackBerry 10 est minime.
Adapter une application pour un écran carré représente toutefois beaucoup plus d’effort (dans plusieurs cas, du moins), et je suis loin d’être convaincu que tous les développeurs seront motivés à adapter leurs applications dans ce cas.
Les gens de BlackBerry avec lesquels je me suis entretenu sur le sujet hier étaient d’ailleurs très mal à l’aise lorsque j’ai abordé la question, notant seulement que les outils pour adapter les applications seraient faciles. Je ne serais toutefois pas surpris si à terme, des applications étaient offertes sur BlackBerry Z10 seulement, et non sur BlackBerry Q10.
On ignore encore beaucoup de choses sur le BlackBerry Q10 et sur son SDK pour les développeurs, qui n’a pas encore été lancé. BlackBerry pourrait par exemple permettre aux applications Z10 de rouler en mode horizontal sur le Q10, avec des barres noires en haut et en bas de l’écran. Cette solution ne serait définitivement pas élégante, mais elle pourrait corriger un peu le problème.
Oui, la fragmentation est encore pire sur Android, mais en fragmentant son propre écosystème, BlackBerry complique définitivement son travail (qui n’est déjà pas de tout repos).
Il faut aussi noter que la compagnie complique aussi le travail de ses développeurs internes avec cette stratégie, puisque le système BlackBerry 10 et toutes ses applications intégrées doivent aussi être adaptés.
Un gros dilemme
Est-ce que BlackBerry aurait été mieux de lancer uniquement le BlackBerry Z10 pour préserver la pureté de sa boutique d’applications et de maximiser l’efficacité de ses kits de développements pour les développeurs? Ou est-ce qu’elle a pris la bonne décision en offrant aussi le BlackBerry Q10, qui lui assure de conserver sa bonne base d’utilisateurs existants (ce qui est aussi un avantage pour les développeurs)?
Personnellement, je l’ignore.
Je crois que j’aurais opté pour produire quand même le BlackBerry Q10, mais la décision n’aurait certainement pas été facile, et j’aurais probablement dû affronter plusieurs nuits blanches avant de prendre la décision finale.
On espère pour BlackBerry que ce soit la bonne.
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