Quel est le modèle d’affaires idéal pour Songza? L’intégration.

18 décembre 2012 à 12:31

L’application musicale Songza est à tous les égards un véritable succès. Seulement au Canada, le service de listes de lecture musicales gratuites a attiré plus d’un million d’abonnés en quelques semaines, et à peu près tous s’entendent pour dire à quel point Songza fonctionne bien. Mais une question demeure: quel est véritablement son modèle d’affaires?

Songza est un service accessible en ligne ou sur les plateformes mobiles, qui offre des listes de lecture concoctées par des DJ professionnels, et qui sont proposées en fonction du jour de la semaine et de l’heure de la journée.

Songza propose par exemple des listes pour travailler (avec ou sans paroles) à 14h le mardi, des liste pour se mettre dans l’ambiance avant de sortir le vendredi soir ou des listes pour faire à déjeuner le dimanche matin. Le tout est gratuit, et diablement efficace.

Le service est à mi-chemin entre une radio Internet et un service à volonté comme Rdio. Il est en effet possible de sauter des chansons si on ne les aime pas, mais cette possibilité est limitée à un certain nombre de fois à l’heure.

Comment est-ce que Songza fait son argent? Pour l’instant, ses sources de revenus sont assez limitées. La compagnie affiche des publicités sur son site (mais pour un service audio qu’on laisse allumé et dont on ne consulte pas vraiment la page, ce n’est définitivement pas un bon moyen pour rentabiliser son entreprise) et elle offre des partenariats: des artistes peuvent y concocter leurs propres listes, et la compagnie s’occupe des services de DJ dans certains évènements.

Dans tous les cas, ces revenus me semblent minimes comparés aux frais de bande passante, de développement, aux salaires des DJ et, surtout, aux frais de licence pour l’utilisation de la musique.

À court et moyen terme, l’intégration à d’autres plateformes pourrait être la solution
De plus en plus de jeunes entreprises offrant un service gratuit sont financées de deux façons.

Dans un cas (Tweetdeck, Instagram), les compagnies peuvent tout simplement être vendues à un compétiteur ou une entreprise connexe, et dans l’autre (Scalado avant son acquisition, Swiftkey), l’entreprise peut offrir une licence pour qu’une autre compagnie utilise sa technologie et l’offre gratuitement.

Ce dernier modèle est beaucoup utilisé en mobilité.

Avant son acquisition par Nokia, Scalado offrait par exemple ses différentes technologies de photos mobiles aux fabricants de téléphones intelligents (la technologie Time Shift qui se retrouve dans la future plateforme BlackBerry 10 est justement la technologie de Scalado).

Plusieurs claviers Android sont aussi offerts aux fabricants. Samsung a longtemps utilisé le clavier Swype dans ses appareils, et RIM a obtenu une licence pour utiliser la technologie de Swiftkey dans BlackBerry 10.

En utilisant ce modèle d’affaires (business model), un service gratuit devient intéressant puisqu’il apporte une valeur ajoutée à un autre produit ou service payant.

Un fabricant comme RIM (la compagnie me semble un bon exemple, puisqu’elle privilégie souvent ce modèle et qu’elle devra offrir la plateforme la plus complète le plus rapidement possible l’année prochaine), pourrait par exemple choisir d’offrir la technologie de Songza sur BlackBerry 10.

Oui, les utilisateurs pourraient obtenir Songza gratuitement ailleurs. Mais ce n’est pas tout le monde qui connait ce service, ou qui prend le temps de télécharger des applications du genre.

Pour les utilisateurs (et les critiques), les téléphones BlackBerry 10 offriraient des listes de lecture archi efficaces et gratuites, idéales lorsqu’ils sont dans leur voiture, à la maison ou dans une soirée (on imagine aussi les conversations qui s’en suivraient : «C’est bien bon ta musique, c’est quoi? Oh, c’est mon BlackBerry!»).

Des compétiteurs payants – comme Rdio – pourraient aussi offrir la technologie, qui rehausserait encore une fois la valeur de leur service (avec Rdio, vous pourriez par exemple ajouter dans votre collection les chansons jouées dans les listes).

Ce genre de licence peut se vendre cher et être récurrent. Si Songza veut faire un maximum de profit à court ou moyen terme, il s’agit, bien plus que de rendre son service payant, de la voie à emprunter.

Et pour le long terme? Considérant que n’importe qui peut créer un service du genre assez rapidement, et que d’être un gros joueur n’offre aucun réel avantage – une situation qu’on a observé notamment avec Groupon –, la vente à une autre compagnie (Apple, Google, etc.) serait, à mon avis, l’option la plus sécuritaire.

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