Rétrospective techno 2011: les 31 plus grandes nouvelles
19: Crise identitaire chez HP
Longtemps connu comme un fleuron de l’ingénierie aux États-Unis et comme un modèle d’innovation, HP n’est pas exactement apparu sous son meilleur jour cette année. Si la compagnie qui a vu la valeur de son titre fondre de 33% en un an a corrigé certaines de ses erreurs dans les derniers mois de 2011, il appert quand même que le principal fabricant de PC au monde a vécu une véritable crise identitaire.
Voici quelques-uns des gros bouleversements de l’année pour HP :
L’abandon des PC (ou pas)
Vers la fin de l’été, HP annonce être en pleine exploration pour se départir de sa division PC, dont les marges de profit sont jugées peu intéressantes (587 millions $ sur des revenus de 9,59 milliards $ pendant le trimestre précédant l’annonce). L’entreprise veut se recentrer sur les services plus payants, un peu comme l’a fait IBM en vendant sa division PC à Lenovo en 2005.
Parallèlement, HP annonce l’acquisition d’Autonomy – une firme britannique qui produit des logiciels pour les entreprises – au coût de 10 milliards $, confirmant par le fait même son changement d’orientation.
À la fin octobre, la compagnie change toutefois son fusil d’épaule et annonce qu’elle conserve sa division PC (mais maintient l’acquisition d’Autonomy).
L’abandon de WebOS (ou pas)
Quelques semaines après avoir lancé la tablette Touchpad, HP annonce qu’elle met fin à sa division matérielle de WebOS, ce qui tue pour ainsi dire le système d’exploitation dans l’œuf. La compagnie a toutefois finalement décidé la semaine dernière d’ouvrir le code source du système développé par Palm, ce qui pourrait bien lui donner une seconde vie. Nous aurons l’occasion de revenir sur WebOS d’ici la fin de cette rétrospective.
L’abandon de Leo Apotekher
Un des rares bons coups d’HP cette année a toutefois été la mise à la porte de son PDG Leo Apotheker (un an après son arrivée en poste), remplacé par l’ancienne dirigeante d’eBay Meg Whitman.
Pour avoir un aperçu des (nombreux) mauvais coups d’HP et de Leo Apotheker au cours de l’année, je vous invite à lire ce texte du Business Insider, et surtout cet éditorial cinglant du Wall Street Journal.
18: Lancement de la Kindle Fire: le contenu avant tout
Amazon a lancé le mois dernier le premier concurrent sérieux à l’iPad, la Kindle Fire. Même si la tablette n’offre pas les caractéristiques techniques de celle d’Apple, son prix d’achat abordable de 199$ seulement pourrait bien lui assurer un bon succès au cours des prochains mois.
La Kindle Fire n’a décidément pas connu un lancement particulièrement reposant. La plupart des critiques ont été élogieuses par rapport à la tablette, surtout lorsque l’on considère son rapport qualité-prix, mais d’autres (et non les moindres) ont été carrément incendiaires.
Je n’ai pas essayé la tablette personnellement, mais j’ai bien l’impression que ces critiques sont un peu trop rudes, et qu’une mise à jour prochaine pourrait bien corriger la plupart des défauts généralement mentionnés (manque de fluidité, etc).
Quoi qu’il en soit, la tablette vend jusqu’ici assez bien, avec 6 millions d’exemplaires qui auraient été écoulés en 6 semaines, et ce, seulement aux États-Unis.
Un nouveau modèle d’affaires
Si Amazon arrive à vendre sa tablette à un prix aussi abordable, c’est un peu à cause de ses caractéristiques matérielles inférieures à celles de l’iPad (l’absence d’appareil photo numérique par exemple, et la capacité assez faible – mais suffisante, si on considère l’intégration poussée des services infonuagiques d’Amazon – de 8 Go).
Mais c’est surtout à cause du modèle d’affaires d’Amazon, qui n’espère pas obtenir son profit de la vente des appareils, mais bien de la vente du contenu par la suite. Ainsi, Amazon offre sa boutique musicale, son service de vidéos sur demande et sa boutique d’applications, ce qui lui permet d’obtenir son profit à long terme plutôt qu’au moment de l’achat.
Il sera intéressant d’observer l’impact d’Amazon sur le marché des tablettes au cours des prochains mois, et une diminution générale des prix est certainement à prévoir.
Aucun lancement de la Kindle Fire n’est prévu au Canada, mais son impact pourrait quand même se faire ressentir ici.
17: L’Android Market rattrape (d’une certaine façon) l’App Store
Soyons clair: l’App Store d’Apple domine toujours l’Android Market de Google, et ce, par rapport à tous les critères objectifs avec lesquels les deux peuvent être comparés. L’App Store offre plus d’applications, rapporte plus d’argent aux développeurs, etc. Mais pour la première fois en 2011, les deux boutiques en tant que telles sont rendues sur un pied d’égalité.
Tout comme l’App Store, l’Android Market offre par exemple des films, des livres, de la musique (aux États-Unis) et une quantité respectable d’applications. La boutique permet également depuis cette année de payer dans les applications pour avoir accès à du contenu supplémentaire, ce qui est possible depuis longtemps sur iOS.
Surtout, l’Android Market offre finalement une interface digne d’un système d’exploitation majeur. Pour la première fois, la boutique de Google arrive à faire ce que celle d’Apple maîtrise depuis ses débuts: inciter les gens à naviguer et à découvrir de nouvelles applications de qualité.
L’App Store était jusqu’il y a récemment l’un des points forts d’iOS par rapport à Android. Si c’est toujours le cas lorsque l’on considère les applications optimisées pour les tablettes, la chose ne peut plus vraiment être dite pour les téléphones intelligents.
On peut dire que Google a fait ses devoirs, depuis ce billet que j’ai écrit en janvier dernier (notez tout particulièrement le point « Socialiser l’Android Market », écrit bien avant l’annonce de Google+!)!
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