Rétrospective techno 2011: les 31 plus grandes nouvelles
25: Apple vs Samsung (et toutes les autres guerres de brevets)
Les brevets et la propriété intellectuelle ont été au cœur de plusieurs acquisitions et de plusieurs batailles juridiques en 2011. Tour d’horizon.
Apple vs Samsung
La lutte opposant Apple et Samsung est sans aucun doute la guerre la plus importante de toutes. En tout, une vingtaine de poursuites ont été intentées par les deux compagnies et touchent 10 pays différents.
En gros, chaque compagnie poursuit l’autre pour viol de brevet, et demande généralement à ce que les produits (téléphones et tablettes) de l’autre soient bannis du territoire de la poursuite (USA, Australie, Allemagne, etc), et même parfois d’avoir accès au code source des appareils.
Les brevets en question sont variés : Apple tente par exemple de protéger des brevets de design (qui couvrent à peu près n’importe quelle tablette électronique rectangulaire, comme le montre l’image ci-haut…), mais aussi de quelques-unes de ses technologies logicielles et matérielles, tandis que les brevets de Samsung touchent notamment les technologies 3G.
En attendant les véritables audiences, des injonctions ont été demandées d’une part comme de l’autre, et ont même été accordées dans certains cas.
En Allemagne, Samsung s’est en effet vu interdire la vente de téléphones Galaxy et de sa tablette Samsung Galaxy Tab 10.1. La compagnie a lancé une version modifiée de sa tablette, la Samsung Galaxy Tab 10.1N, mais Apple demande également que cette dernière ne soit pas mise en vente.
En Australie, la cour avait accepté la demande d’injonction d’Apple cet automne, mais Samsung a finalement gagné en appel et le jugement a été cassé la semaine dernière. Samsung n’est toutefois pas libre aujourd’hui de vendre ses appareils, puisqu’Apple a porté l’appel en appel.
Quoi qu’il en soit, tous les jugements publiés au cours des dernières semaines touchent les demandes d’injonction en attendant les véritables procès, et il faudra attendre l’année prochaine (et probablement plus, avec la valse des appels!) pour que la question soir réglée une fois pour toute.
Motorola vs Apple, Microsoft, etc. (et plus!)
Motorola détient beaucoup de brevets en mobilité, et c’est d’ailleurs l’une des raisons qui explique son acquisition par Google plus tôt cette année (une acquisition qui sera revisitée, on s’en doute, plus tard ce mois-ci dans le cadre de ce palmarès).
Google ne s’est toutefois pas payé une acquisition de tout repos, puisque la compagnie est déjà au cœur de nombreuses poursuites contre d’autres géants des technologies.
Une bataille particulièrement chaude l’oppose à Microsoft, puisque les deux compagnies se poursuivent (notamment par rapport à Android et à la Xbox 360) depuis plus d’un an.
Motorola est aussi en conflit avec Apple et avec le holding Intellectual Ventures.
Microsoft vs Android
Si les attaques d’Apple envers Android sont directes et sans pitié, Microsoft privilégie plutôt une approche axée sur la négociation… et ça fonctionne!
Le géant de Redmond obtient notamment des redevances sur les téléphones de HTC, Samsung, Acer et plusieurs autres (presque tous les manufacturiers d’Android, en fait).
Selon une équipe d’analystes chez Goldman Sachs, Microsoft empocherait environ 444 millions $ de profit par année grâce à ces ententes.
Et les autres…
Plusieurs autres guerres de brevets (concernant HTC, notamment) se déroulent présentement, comme le montre le petit graphique ci-haut (qui date de cet été, mais qui illustre quand même l’étendue et la complexité de ces poursuites).
L’impact pour Android
Android n’est pas la seule technologie en cause dans ces guerres de brevets, mais il s’agit clairement de la principale.
Il est beaucoup trop tôt pour explorer les répercussions possibles de cette guerre de brevet pour le système de Google.
Déjà, il est toutefois de plus en plus difficile d’étiqueter le système comme étant gratuit, considérant les différentes redevances à payer, mais selon les jugements, la progression d’Android pourrait aussi être ralentie (à cause d’une interdiction de vente potentielle dans certains pays, à cause de technologies qui devront être retirées du système, etc.).
Un autre impact de la guerre de brevet pourrait aussi être d’encourager certaines acquisitions dans le but de se protéger ou d’acquérir plus de brevets. WebOS (et les brevets de Palm) et la canadienne RIM pourraient par exemple intéresser certaines compagnies.
Évidemment, tout ceci n’est que spéculation, puisque les différentes cours pourraient aussi donner raison aux fabricants d’appareils Android sur toute la ligne.
Quoi en penser?
Je suis généralement pour une application musclée des lois entourant la propriété intellectuelle. Les entreprises (et les particuliers) innovantes devraient être protégées et les brevets assurent cette protection, en plus d’encourager la recherche et le développement.
Ce qui ne veut pas dire que tous les brevets sont égaux… Un brevet touchant un design évident m’apparait exagéré, et il faut aussi faire la distinction entre une idée et une invention.
Malheureusement, on observe dans plusieurs de ces poursuites que les brevets provoquent l’effet inverse de ce pour quoi ils ont été conçus : ils protègent de plus en plus les grosses compagnies, et pourraient nuire à la progression naturelle du marché.
Vivement une étude approfondie sur la question!
Position 25 seulement?
Les diverses guerres de brevets qui marquent 2011 auraient probablement pu obtenir une place plus élevée dans un palmarès qui rassemble les 31 nouvelles techno les plus importantes de l’année.
Ceci étant dit, ces batailles juridiques sont encore loin d’être terminées. Et même si certaines injonctions ont été accordées, ou si certains règlements hors cour ont déjà été conclus, il faudra vraisemblablement attendre 2012 pour avoir une meilleure idée du véritable impact de ces conflits.
À suivre…
24: La mort de Dennis Ritchie
L’inventeur du système d’exploitation Unix et du langage de programmation C est mort le 12 octobre 2011, une semaine après le décès du Steve Jobs. Si Dennis Ritchie n’a jamais été aussi connu que cofondateur d’Apple, son importance dans le monde de l’informatique n’en demeure pas moindre.
Le système d’exploitation Unix qu’il a contribué à créer vers la fin des années soixante au Bell Labs est encore utilisé aujourd’hui, et plusieurs systèmes populaires sont des descendants directs d’Unix, notamment le Mac OS X d’Apple.
Unix, que Ritchie a développé en quelques mois seulement avec son collègue Ken Thompson, a aussi inspiré d’autres systèmes, comme Linux, et on retrouve des traces ou des inspirations d’Unix dans les systèmes d’exploitation mobiles comme iOS et Android.
Dennis Ritchie a également développé le langage de programmation C avec Unix, un langage qui a par la suite influencé le C++, l’objective C, le Java, le Javascript et le PHP pour n’en nommer que quelques-uns.
Quoi? Steve Jobs avant Dennis Ritchie!?!
Certaines personnes s’offusqueront peut-être que je classe la mort de Dennis Ritchie derrière celle de Steve Jobs dans cette rétrospective, j’aimerais donc expliquer un peu mon raisonnement.
Le classement dans la rétrospective ne reflète pas forcément l’importance des deux hommes. Les deux ont profondément marqué l’informatique (et d’autres domaines dans le cas de Jobs), et honnêtement, l’importance relative de l’un par rapport à l’autre dans l’histoire ne m’intéresse pas vraiment. D’ailleurs, les arguments sont valables d’un bord comme de l’autre.
Ceci étant dit, il y a une différence majeure entre la mort de ces deux géants. L’un est mort à 71 ans, à la retraite depuis un certain temps alors que son travail marquant a été effectué au tournant des années 70, tandis que l’autre est décédé à 56 ans, alors que son impact sur les technologies se faisait encore sentir.
Dennis Ritchie a eu un impact majeur sur l’informatique, ça ne fait aucun doute. Mais pas sa mort. Steve Jobs a aussi eu un impact sur l’informatique et d’autres domaines, et il aurait vraisemblablement continué d’en avoir s’il n’avait pas été atteint d’un cancer.
D’où le différent classement dans la rétrospective.
23: Google lance Google+ (et sa stratégie sociale)
Google a lancé l’été dernier Google+, sa réponse aux réseaux Facebook et Twitter. Google+ est toutefois bien plus qu’une simple application sociale. Il s’agit avant tout d’un effort marqué pour ne pas faire l’erreur classique de nombreux autres géants des technologies: devenir confortable avec ses vieilles habitudes et son modèle d’affaires.
Google+, dans sa plus simple expression, est un site de réseautage social où nos contacts sont classés par cercles. Ces cercles peuvent par exemple rassembler nos amis proches, notre famille ou des célébrités, et une personne peut se retrouver dans plus d’un cercle.
Tout comme avec Twitter ou Facebook, on y partage des informations, personnelles ou publiques, et ces cercles aident à gérer avec qui on désire partager nos informations, nos réflexions, nos photos ou nos découvertes.
Google+ offre aussi d’autres fonctionnalités comme la création de «bulles», une forme de vidéoconférence en groupe.
Google+: le volet social de tout Google
Le réseau social de Google est toutefois bien plus que ce simple service.
Google+ est une façon pour Google d’intégrer un volet social à ses services déjà existants, afin de demeurer une compagnie «actuelle», et ne pas devenir un dinosaure comme Yahoo, par exemple.
Aussi fort que l’algorithme de recherche de Google soit, celui-ci n’est pas tout puissant, et plusieurs personnes recherchent par exemple dans Twitter quand vient le temps d’obtenir de l’information en temps réel.
Le modèle de Google a marqué les années 2000, mais les années 2010 pourraient bien être marquées par un nouveau mode de recherche.
Depuis quelques temps, le partage d’une nouvelle par nos contacts Google+ apparaît dans les recherches Google, et la compagnie de Mountain View jette ainsi un peu les bases de ce qui pourrait être éventuellement une recherche autant sociale que basée sur son algorithme.
Google+ partout
En fait, Google+ est petit à petit intégré dans toutes les sphères de Google. La nouvelle page d’accueil de YouTube affiche les vidéos partagées par ses contacts Google+, et Gmail permet depuis hier d’ajouter directement ses contacts dans ses cercles, sans même quitter un courriel reçu.
D’ailleurs, cette dernière nouveauté rend même pertinente l’ajout dans ses cercles de personnes qui ne sont pas sur Google+, puisqu’il est maintenant possible de filtrer ses messages Gmail par cercles.
Vous pouvez par exemple afficher uniquement les courriels de votre famille, de vos collègues de travail, de vos clients, de votre classe, etc.
Google offre déjà la messagerie prioritaire pour filtrer ses messages en fonction d’un algorithme, mais la compagnie permet maintenant aussi de les filtrer en utilisant sa plateforme sociale.
Si Google+ n’avait été qu’un simple concurrent à Facebook, au même titre que Google Buzz, la plateforme ne serait peut-être même pas apparue dans cette rétrospective.
Mais Google+ est bien plus que ça. C’est un nouveau début pour Google, qui change carrément l’ADN de cette compagnie.
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