Le 4G au Canada en cinq questions

8 février 2011 à 13:39

Mise à jour
Beaucoup de choses ont changées depuis la parution de ce texte. Voici d’ailleurs mon essai du nouveau réseau LTE de Rogers à Ottawa.

Telus a annoncé aujourd’hui le lancement de son nouveau réseau 4G, ce qui permet aux Canadiens de rattraper ainsi leurs voisins Américians qui profitent de tels réseaux depuis maintenant quelques temps. Mais que sont exactement les réseaux 4G, et comment se déroule leur déploiement au Canada? Une mise à jour de mon précédent billet sur le sujet s’impose: voici cinq questions pour y voir un peu plus clair.

Qu’est-ce que le 4G?
Le 4G représente les réseaux cellulaires de quatrième génération.

Il s’agit avant tout d’un terme marketing, puisque plusieurs technologies tout à fait différentes peuvent prétendre au titre de 4G. On associe toutefois traditionnellement le 4G à deux principales technologies:

LTE: le LTE (pour Long Term Evolution) est en quelque sorte une évolution naturelle des réseaux 3G. Les réseaux LTE devraient permettre d’atteindre des vitesses de téléchargement avec un maximum théorique d’au moins 100 Mbit/s, tandis que les réseaux actuels se limitent plutôt à 21,1 Mbit/s (mais la plupart des téléphones à 7,2 Mbit/s ou 14 Mbit/s).

WiMax: une technologie mise de l’avant par le consortium derrière le Wi-Fi. Même si le WiMax est disponible dans certains marchés (souvent pour relier les ordinateurs à l’Internet), il semble maintenant acquis que la technologie sera beaucoup moins utilisée pour les réseaux cellulaires, du moins au Canada.

La question de qu’est-ce que le 4G est toutefois plus complexe que ça. En effet, l’organisme en charge de l’appellation, l’Union internationale des télécommunications (ITU en anglais), revoit constamment sa définition, et celle-ci inclut désormais d’autres réseaux, comme le HSPA+ à double canaux, annoncé aujourd’hui par Telus.

En fait, les réseaux qui étaient jusqu’à tout récemment considérés comme des réseaux de troisième génération avancés sont désormais considérés comme des réseaux de quatrième génération.

J’en parle un peu plus dans mon billet Ridicule: le Canada serait passé au 4G… en 2009!

Quels sont les avantages des réseaux 4G pour les utilisateurs

Les réseaux 4G permettent d’atteindre de plus grandes vitesses de téléchargement et de téléversement que ce qu’il est possible d’atteindre avec les réseaux actuels.

Ces vitesses accrues permettront la diffusion de contenu vidéo de meilleure qualité, elles pourraient éventuellement offrir à ceux qui habitent des régions rurales d’avoir un accès plus facile (et plus rapide) à l’internet haute vitesse, et les utilisateurs pourront bénéficier de celles-ci lorsqu’ils utiliseront leur téléphone comme point d’accès sans fil pour leur ordinateur portatif.

Dans le cas du LTE (mais pas du HSPA+), celui-ci offre également un temps de latence amélioré, ce qui améliorera l’expérience des jeux vidéo en ligne.

Parmi les autres avantages, notons une sécurité améliorée et, dans certains cas, une meilleure réception à l’intérieur des édifices.

Quels sont les inconvénients des réseaux 4G pour les utilisateurs?
Malheureusement, tout a habituellement un prix, et le 4G devrait présenter deux principaux désavantages pour les utilisateurs.

1 – L’utilisation du réseau LTE consomme plus d’énergie que l’utilisation d’un réseau 3G (qui consommait déjà plus que les réseaux 2G), ce qui risque d’affecter l’autonomie des téléphones intelligents.

2 – Même si cela n’a pas encore été annoncé, il faut s’attendre à ce que les opérateurs chargent un montant de plus par mois pour les réseaux LTE – par exemple 10$ – pour avoir accès à une connexion plus rapide (en plus de charger pour les données consommées).

Notons toutefois que Telus ne chargera pas de frais supplémentaires pour son réseau HSPA+.

Quels sont les réseaux 4G disponibles aux États-Unis?

Quelques réseaux 4G sont présentement disponibles aux États-Unis: le tout nouveau réseau LTE de Verizon, et le réseau WiMax de Sprint.

AT&T et T-Mobile offrent pour leur part des réseaux HSPA+. À vous de décider si vous voulez les considérer comme des réseaux 4G ou non.

AT&T devrait lancer son réseau LTE vers la mi-2011.

Quel est l’état du 4G au Canada?

Telus lancera son réseau HSPA+ à double canaux dès le mois de mars prochain, ce qui devrait permettre d’atteindre des vitesses allant théoriquement jusqu’à 42 Mbit/s. Pour le moment, il sera possible d’y accéder uniquement avec une clé USB, la Sierra AC319U, mais des téléphones devraient être lancés plus tard cette année. Notons que le réseau n’est pas encore déployé au Québec, seulement dans les principales villes de l’Ouest du pays.

Malheureusement, le Canada accuse encore un certain retard sur son voisin du sud en ce qui a trait aux réseaux 4G avancés (LTE). Tandis que plusieurs opérateurs américains utilisent déjà leurs nouveaux réseaux, les opérateurs canadiens (Bell, Rogers et Telus) installent et testent encore les leurs. Dans tous les cas, la technologie LTE a été privilégiée sur le WiMax.

Bell teste notamment des réseaux à Montréal et Hamilton depuis l’été dernier, tandis que Rogers en teste un dans la région d’Ottawa.

Il faudra attendre encore quelques mois avant d’avoir plus d’informations sur le sujet (quelle sera la couverture des réseaux au Canada, quel sera le spectre utilisé par les opérateurs), mais il ne faut pas s’attendre à ce que ceux-ci soient lancés avant au moins 2012.

Les réseaux LTE au Canada utiliseront la bande AWS ou la bande 700 MHz?

Une sixième question, pour les lecteurs qui aiment les détails techniques. Les autres, vous pouvez terminer la lecture de ce billet ici, je ne vous en tiendrai pas rigueur!

Ce point mériterait probablement 10 questions à lui seul, mais voici, en gros, la situation concernant les bandes qui seront utilisées au Canada pour les réseaux LTE.

Sans entrer dans les définitions techniques, toutes les technologies cellulaires utilisent un spectre de fréquences radio prédéterminé. De la même façon que la radio FM utilise toujours la même bande (entre 87,5 et 108 MHz), les technologies GSM, EDGE, CDMA, HSPA ou LTE ont aussi droit à des bandes réservées.

Aux États-Unis, c’est la bande 700 MHz qui est utilisée par Verizon pour son réseau LTE. Cette bande correspond plus précisément aux fréquences comprises entre 698 et 806 MHz.

La bande 700 MHz, qui était auparavant utilisée par les télévisions analogiques, offre de nombreux avantages sur les bandes utilisées par les réseaux 3G actuels, notamment une bonne pénétration dans les édifices et une plus grande couverture.

Au Canada, la bande 700 MHz est malheureusement toujours utilisée pour la télévision analogique. Celle-ci sera toutefois libérée cet été, lorsque le passage à la télévision numérique sera complété.

Cette bande pourra ensuite être mise aux enchères par Industrie Canada, comme elle l’avait fait en 2008 lors de la vente du spectre AWS (1700 MHz). C’est cette vente aux enchères qui avait permis à Vidéotron de lancer son propre réseau 3G.

Deux choix s’offrent aux opérateurs canadiens pour lancer leur réseau LTE:

LTE sur AWS
Les opérateurs Bell, Rogers et Telus ont tous obtenu une part du spectre AWS lors de l’enchère de 2008.

Ces opérateurs pourraient choisir d’utiliser cette bande pour leur réseau LTE, ce qui leur permettrait en théorie de lancer un réseau dès demain matin (mais plutôt en 2012, selon l’avancement des choses). La mise en marché serait donc «rapide», mais cette solution ne serait probablement pas optimale technologiquement.

Évidemment, rien n’empêcherait également les opérateurs de lancer leur réseau de façon intermédiaire sur la bande AWS, pour ensuite l’étendre à la bande 700 MHz.

LTE sur 700 MHz
L’autre solution serait d’attendre qu’Industrie Canada offre le spectre 700 MHz aux enchères. Cet encan pourrait toutefois se faire attendre longtemps, puisque le ministre Tony Clemens considèrerait le tenir à la fin 2012 seulement.

Cette dernière option retarderait donc grandement le lancement des réseaux LTE, qui pourraient dans ce cas ne voir le jour qu’en 2013. À moins que l’industrie arrive à convaincre le ministre de tenir l’encan plus rapidement que prévu.

Dans les deux cas, nous aurons amplement le temps de suivre la situation de plus près pendant les prochains mois.

Et entre temps, le HSPA+, qu’on le considère comme un véritable 4G ou non, pourra nous aider à patienter.