«Google Music»: un projet ambitieux pour rivaliser avec iTunes
C’est un secret de polichinelle que Google prépare depuis plusieurs mois un concurrent à la plateforme iTunes d’Apple. Selon les détails dévoilés cette semaine par le magazine Billboard, l’attente aura valu le coup, puisque ce projet s’annonce complet et ambitieux.
Selon les sources de Billboard, le projet de Google possèderait deux services principaux. Une boutique en ligne qui permettrait d’acheter de la musique à la pièce comme on peut le faire sur iTunes, et un casier musical, auquel il faudrait s’abonner pour environ 25$ par année.
Pour ce second service, Google compte identifier automatiquement la musique sur l’ordinateur d’un utilisateur et l’ajouter ensuite automatiquement à son « casier » virtuel. Google n’aura qu’à relier ces chansons avec celles dans ses serveurs, l’utilisateur n’aura donc pas besoin de perdre des jours et sa précieuse bande passante pour tout téléverser.
La source des chansons n’aurait pas d’importance pour Google. Elles pourraient avoir été gravées d’un CD par l’utilisateur, avoir été téléchargées sur Google Music, sur iTunes et même sur un réseau P2P. On ignore toutefois s’il sera possible de transférer les chansons qui n’auront pas été reconnues par Google.
Les utilisateurs abonnés à ce service pourront ensuite accéder à leur musique à partir de n’importe quelle plateforme reliée au Web: son téléviseur Google TV, son téléphone Android, son ordinateur au bureau, etc.
Google espère également offrir la possibilité aux utilisateurs d’écouter une chanson au complet avant de l’acheter. Seule la première écoute serait complète et les autres seraient limitées à 30 secondes.
Les abonnés au casier musical de Google pourraient également créer des listes de lecture qui pourront ensuite être écoutées une fois par leurs amis.
Aucune entente de signée
Malheureusement, il reste encore beaucoup de travail pour Google avant de pouvoir lancer son service, puisqu’aucune entente avec les compagnies de disques n’aurait été signée.
Les détails financiers des ententes resteraient à négocier, tout comme certaines fonctionnalités, comme la possibilité d’utiliser des chansons téléchargées dans les réseaux P2P.
Selon les sources de Billboard, l’industrie du disque pourrait exiger en retour de cette ouverture au P2P que Google lutte plus durement contre le piratage de la musique, par exemple en limitant les applications Android qui facilitent le téléchargement illégal.
Un bon projet pour Google
Google a beaucoup à gagner avec Google Music.
Ceci est particulièrement vrai dans le cas du système d’exploitation pour téléphones intelligents Android. La plateforme de Google accuse un sérieux retard par rapport à iOS en ce qui concerne la gestion de la musique, notamment à cause de l’absence d’application pour gérer sa bibliothèque et de l’impossibilité d’acheter directement sa musique dans l’Android Market.
Le projet de casier virtuel risque pour sa part d’intéresser plusieurs utilisateurs, notamment ceux doivent gérer deux bibliothèques, au bureau et à la maison, et ceux dont le téléphone intelligent offre une capacité limitée.
Aussi, un tel projet cadre parfaitement avec Chrome OS, le futur système d’exploitation pour miniportables de Google basé sur les applications en ligne.
L’industrie devrait dire oui
Le projet de Google serait également bon pour l’industrie du disque dans son ensemble.
La part de marché d’iTunes est pour le moment beaucoup trop grande, et il est malsain d’avoir aussi peu de compétition dans n’importe quel marché. D’ailleurs, les étiquettes de disques sont souvent à couteaux tirés avec Apple.
Pour ces raisons, j’ai bien l’impression que l’industrie négociera de bonne foi avec Google et que Google Music pourra voir le jour relativement rapidement, même si les premiers échos laissent entendre que la compagnie fondée par Sergei Brin et Larry Page se montrerait particulièrement gourmande dans le partage des recettes.
Ceci étant dit, les ententes avec les compagnies de disques se négocient par pays. Il ne faudrait donc pas s’étonner si Google lance « Google Music » (peu importe le nom que le service portera) uniquement aux États-Unis en premier.